L’Université d’été du NPA donne toujours une grande importance à la compréhension des dynamiques internationales et aux tâches des anticapitalistes face à elles. Cette année, le forum internationaliste avait pour titre : « Main de fer de l’Union européenne, Brexit…. Comment battre l’austérité et le racisme ? ». Un débat riche avec nos invités de Grande-Bretagne et de l’État espagnol, qui se poursuivait dans deux ateliers.
En préambule, on rappelait qu’il y a un peu plus d’un an – en juillet 2015 – l’affrontement majeur entre le peuple grec et les porteurs de l’offensive néolibérale en Europe se résolvait brutalement en deux temps opposés : le premier avec le « Oxi » (Non) des couches populaires grecques au diktat de la troïka (CE, BCE, FMI) dans le référendum convoqué par Tsipras ; le second avec la capitulation de Tsipras et de la direction de Syriza devant ce diktat réaffirmé, et devant tous les suivants depuis, jusqu’à la récente adoption d’une « réforme » inique des retraites qui avait été « la mère des lignes rouges ».
Dans cet affrontement, tout ce qui restait de masque démocratique et progressiste de l’UE volait en éclats. Mais l’isolement du peuple grec et le choix du gouvernement Tsipras constituaient une défaite pour les mouvements sociaux européens, même si la lutte du peuple grec se poursuit. De même, la « crise des migrantEs », suraiguë depuis un an avec son cortège de drames, et l’attitude des institutions et gouvernements européens démontrent l’impasse d’une Europe forteresse et impérialiste, assumant des idéaux de concurrence et de militarisme plutôt que de développement humain et de solidarité internationale. Ce sont ainsi toutes les extrêmes droites qui sont renforcées. Face aux machines de guerre du capitalisme et de l’UE lancées à toute vapeur, une mobilisation au plus haut point des classes exploitées est nécessaire, imposant des mesures de rupture avec ces politiques et les institutions qui les imposent. Reste à savoir comment !
L’UE : In ou Out ?
De ce point de vue, le récent Brexit en Grande-Bretagne a montré la complexité de la situation. Joseph Choonara, dirigeant du SWP de la campagne pour un « Brexit de gauche » (« Lexit »), revenait sur l’importance que signifie pour le mouvement ouvrier l’affaiblissement des institutions européennes produit par le Brexit. Cela explique que la grande majorité de « l’establishment » britannique, politique, financier et médiatique, ait pris position pour rester (le « Remain »). Malgré la campagne dominée par la montée des idées racistes et anti-immigrés, il était selon lui impossible de laisser entendre que l’Union européenne pourrait être améliorée. Pour le camarade, le champ est ouvert, dans l’approfondissement d’une dislocation de l’UE, pour élargir la brèche vers la gauche radicale plutôt que vers la droite radicale, par l’activisme dans l’unité des forces anticapitalistes et antiracistes.
Membre de Socialist Resistance et de la campagne « Another Europe is possible » pour un « Remain » de gauche, Fred Leplat avançait, lui, que le vote du Brexit tel qu’imposé par la droite du Parti conservateur, était une machine médiatique qui a droitisé de manière marquante la situation politique. Pour lui, le plus important était de mobiliser les couches populaires, les jeunes, contre cette dynamique, pour une campagne de longue haleine antiraciste, contre le chauvinisme et pour la solidarité des peuples dans leurs luttes contre les politiques et institutions européennes comme nationales (pas plus progressistes...).
Pour des convergences internationalistes
Député du Parlement d’Aragon dans l’État espagnol, membre d’Anticapitalistas au sein de Podemos, Roman Sierra a insisté sur la poursuite de la crise économique, sociale et institutionnelle des pays du sud de l’Europe comme le sien. Il est revenu sur l’importance de la question de la dette dans l’offensive violente des institutions financières comme instrument de coercition à tous les niveaux. Pour lui, ce qui est posé aux anticapitalistes est, dans une situation où la conscience des alternatives possibles reste confuse, de faire des pas concrets pour imposer des mesures de salut social, comme essaient de le faire les militants d’Anticapitalistas. Ainsi, au plan européen, le député européen Miguel Urban s’est battu pour orienter la formulation de « plan B » contre les cadres de l’UE autour de mesures d’urgence sociales, économiques, écologiques, démocratiques et antiracistes qui seraient portées par les mobilisations transfrontalières.
Au final, des contributions utiles à la réflexion, qui appellent des convergences supérieures entre les forces de gauche qui se situent pour une rupture internationaliste avec les institutions européennes. Car il s’agit bien à la fois de rendre crédibles des propositions programmatiques européennes, de discuter sérieusement de questions controversées comme les mots d’ordre de sortie de l’euro ou de l’UE, et surtout d’élever nettement l’action internationale commune !
Christian Varin