Les prochaines élections européennes qui auront lieu en France en mai 2019 seront les premières depuis que Macron règne sans partage à l’Élysée. Ce sera une opportunité d’opposer à sa politique en faveur des riches les exigences mises en avant par les luttes contre les ordonnances (loi travail I et II). La grève des cheminot-e-s et toutes les mobilisations, en particulier celles de la jeunesse, tracent une voie contre le pouvoir des riches, des multinationales et de la finance, contre la concurrence généralisée et la sélection. Nul doute que d’autres se seront déroulées d’ici là, notamment sur les retraites, voire seront en cours au moment de la campagne.
Ces élections se tiendront dans le cadre d’une crise persistante et croissante de l’Union européenne et de son projet. Le bilan du monstre qu’est aujourd’hui l’Union européenne est lourd. Ses politiques d’austérité, ses perspectives n’ont fait qu’accentuer la crise multidimensionnelle que connaît l’humanité : crise sociale, environnementale, démocratique. Dans tous les pays, les classes populaires expriment la méfiance et le rejet des politiques austéritaires et anti-démocratiques. Les politiques les plus réactionnaires s’appuient sur ces sentiments pour entretenir une nostalgie de l’Etat national.
Depuis l’Acte Unique de 1986 et le Traité de Maastricht de 1992, les capitalistes et les gouvernements européens ont mis en marche une machine de guerre libérale visant à remettre en cause tous les acquis sociaux obtenus dans chacun des pays de l’UE et à exacerber la concurrence entre tou-te-s les travailleur-se-s de l’UE. De plus, les institutions (Commission, Conseil et Banque Centrale Européenne) servent de fer de lance pour l’application de Traités, armes pour mettre en œuvre des plans d’ajustement structurel, des privatisations, la remise en cause des systèmes de protection sociale. L’offensive menée contre le peuple grec qui osait défier les mémorandums depuis 2009 est révélatrice de ce à quoi nous devons nous attendre en cas de mise en œuvre de toute politique contraire aux intérêts des capitalistes. De même, les institutions européennes ont servi de point d’appui au gouvernement réactionnaire espagnol pour tenter de bâillonner le peuple catalan.
L’enjeu pour le NPA est donc de présenter une réponse anticapitaliste et révolutionnaire tant à l’offensive de Macron qu’aux phénomènes morbides que l’Union Européenne engendre. Leur Europe, celle des gouvernants, n’est rien d’autre que celle de la concurrence généralisée et du toujours plus de profit. Or, c’est le fonctionnement même de l’économie capitaliste, sa logique de concurrence et d’accumulation qui sont responsables des crises, des licenciements, du chômage, de la dette, de la liquidation des services publics en même temps qu’elles attisent les rivalités entre les peuples. Combattre cette logique destructrice qui dresse les peuples les uns contre les autres est une urgence.
Gouvernement et médias évoquent une « reprise de la croissance», certes «prudente», «fragile». Ils tentent de nous convaincre des mérites de leur politique. Pourtant, le chômage demeure, la précarité se généralise. Les capitalistes eux-mêmes n’ont guère confiance dans leur avenir. Ils savent que leur économie repose sur un océan de dettes. Environ 170 000 milliards de dette mondiale début 2018, soit près de 240 % du PIB de la planète. Dix ans après 2008, l’ensemble du système est à nouveau menacé par un krach qui se répercuterait sur l’ensemble de l’économie.
Non seulement la prétendue reprise ne remet pas en cause l’offensive tout azimut contre les salarié-e-s mais, au contraire, elle sert à la justifier sous couvert de la renforcer ! C’est la fuite en avant justifiée par les besoins de la compétitivité capitaliste. Il n’y a aucune raison que cela s’arrête, sauf changement du rapport de force qui ne pourra être imposé que par les luttes collectives du monde du travail.
L’Union européenne : une arme au service du capital
La CEE puis l’UE n’ont jamais été favorables aux classes populaires. On peut bien sûr se bercer d’illusions et prétendre qu’elle aurait apporté la paix. Mais elle a été aussi et surtout un instrument de la reconstruction capitaliste de l’Europe et de la guerre froide, jouant ensuite les pompiers pyromanes aussi bien dans l’ex-Yougoslavie durant les années 1990 qu’en Ukraine plus récemment, couvrant les exactions de ses ex-puissances coloniales que sont la France et le RU en particulier.
Les institutions européennes sont un cadre de coopération des représentant-e-s des différentes bourgeoisies auxquelles l’Union européenne offre un marché pour leurs entreprises et de ce fait un tremplin pour les guerres économiques sur l’arène nationale.
Nous n’alimentons pas l’illusion selon laquelle l’Union européenne dicterait les politiques conduites par les Etats nationaux. L’agenda de l’austérité est globalement partagé par tous les gouvernements. Néanmoins les institutions de l’UE sont un outil pour renforcer les politiques d’austérité et de remise en cause des services publics, en d’autres termes une arme aux services des bourgeoisies, confrontées à l’exacerbation de la recherche ses taux de profits dans un contexte de faible croissance. L’Union Européenne offre un ensemble de mécanismes politiques, juridiques et monétaires permettant de démanteler progressivement, dans chaque pays, les acquis sociaux.
Et en certaines occasions leurs dirigeants peuvent faire preuve d’une autonomie relative et faire pression pour que tel ou tel Etat, notamment d’Europe du sud, prenne des mesures plus sévères ou plus rapides que celles envisagées. C’est pour cela que notre classe a une conscience beaucoup plus claire de la nature de classe de l’Union Européenne que de celle des Etats nationaux, parfois identifiés à tort comme consubstantiels aux « acquis » d’après-guerre, alors qu’ils sont en dernière analyse tout autant des appareils au service de la domination capitaliste.
Le mécontentement suscité par la politique de la bourgeoisie ne doit pas se tourner contre la seule Union européenne. Mais cette colère peut être le point de départ d’une conscience qui remette en cause de manière générale la domination capitaliste, les gouvernements et institutions à son service. Nous y travaillerons dans cette campagne.
Les classes dirigeantes n’ont pas de réponse à la crise de l’UE
L’élection de Macron en 2017 fut saluée par les bourgeoisies européennes : la France, pilier de l’espace européen, n’avait pas sombré ; tous les espoirs étaient donc permis pour les capitalistes de refonder l’Union européenne autour du noyau dur France-Allemagne. Macron a multiplié les propositions de relance de l’intégration européenne (budget commun, ministre des finances européennes etc.). Mais elles ont fait pschitt et l’Union Européenne reste engluée dans sa crise. La guerre en Syrie, et les positionnements différents des impérialistes concurrents (Russie, France) ont contribué à semer la désunion entre les Etats membres. La guerre commerciale voulue par le président des Etats-Unis fragilise également les positions de l’UE. Incapable de mettre en place une politique cohérente et harmonisée pour l’accueil des réfugiés de guerre, les Etats-membres ont montré leurs rivalités
Cette crise s’explique par les contradictions et rivalités entre les différents capitalismes qui composent l’UE, mais aussi par ses propres politiques. Sa participation active à l’étranglement des travailleurs grecs a renforcé l’hostilité des couches populaires. Exploitant cette hostilité et le chaos généré par les politiques impérialistes, les forces réactionnaires progressent. Loin d’avoir favorisé la coopération la fraternité entre les peuples, l’UE contribue à la montée des forces politiques chauvines, racistes et fascistes qui, en prétendant être une alternative à la crise, précipitent les couches populaires la concurrence accrue des travailleurs entre eux, vers la barbarie.
L’unique réponse des classes dominantes semble être la fuite en avant, quitte à piétiner les règles de leur démocratie. Après le gouvernement « technique » Monti, la censure grossière du 1er gouvernement national-populiste italien par le président de la République en ont constitué un nouvel exemple. Et force est de constater que les pressions et les mesures de rétorsions sont prises seulement contre ceux qui attaquent/critiquent les politiques libérales de l’UE alors que les mesures racistes, anti-migrants ou antidémocratiques des gouvernements hongrois, polonais ne suscitent au mieux que des condamnations morales. Seules les forces réactionnaires en sortiront renforcées !
La bourgeoisie française partagée entre deux projets réactionnaires
Face aux politiques de l’Europe du capital, relayées par Macron et ses amis, la voix du repli souverainiste, défendu en particulier par la droite extrême et l’extrême-droite prend de l’ampleur, laissant une partie du personnel politique de la droite orphelin d’un cadre pour exister.
Les prétendu-e-s « ami-e-s de l’Europe » défendent l’Europe libérale de Macron, et celle du Parti socialiste avant lui, c’est-à-dire celle des politiques d’austérité, des privatisations, de la précarisation, des menaces de krach financier ou de récession économique. Cette Europe-là c’est celle de la chasse aux migrant-e-s, de l’état d’urgence et des guerres portées aux quatre coins du monde.
Les ambiguïtés du parti de Marine Le Pen lors de la présidentielle sur la question de l’Euro et de l’Europe traduisent des contradictions dans sa base sociale électorale. D’un côté, le FN a cherché à gagner l’appui des classes populaires en se positionnant contre l’Euro, de l’autre il n’a qu’une ambition : servir sa bourgeoisie qui n’entend pas se passer de l’arme qu’est l’UE. À l’image des autres extrême-droites européennes, le FN a fait son beurre du rejet massif de l’UE dans les catégories populaires. Elle s’est appuyée sur la conscience spontanée des prolétaires (qui perçoivent bien que l'UE est une arme de la classe dominante pour les asservir davantage) pour l’entraîner sur son terrain nauséabond. Mais ce positionnement relève de la tactique, et l’extrême-droite aménage aujourd’hui son discours sur l’UE pour gouverner en alliance avec des forces bourgeoises traditionnelles.
Les travailleurs ne doivent se tromper ni de combat ni de colère : les frontières n’ont jamais pu les protéger des attaques organisées par les patrons et leur État.
A l’image de Victor Orban en Hongrie, et de la Lega en Italie, les démagogues d’extrême-droite, encouragé-e-s par la victoire de Trump et du Brexit, voudraient détourner le mécontentement des populations contre la seule Union européenne rendue responsable de tous les maux.
Ces alternatives qui sont des impasses
La gauche réformiste, quant à elle, est divisée entre une énième promesse de réforme sociale ou de démocratisation de l’Union Européenne (Hamon, PCF…), incompatible avec sa nature même, et le programme tout aussi keynésien mais teinté de protectionniste de la France Insoumise.
Qu’ils soient plus ou moins libre-échangistes ou plus ou moins protectionnistes, ces différents courants ont toutefois en commun de défendre une stratégie qui, d’une part, refuse toute politique de classe et toute rupture anticapitaliste, d’autre part, se situe entièrement et exclusivement sur le terrain des institutions bourgeoises et d’une réforme du système capitaliste. Pour notre part, nous devrons expliquer que seule l’intervention directe, l’auto-activité et l’auto-organisation des exploité-e-s et des opprimé-e-s sur un terrain extraparlementaire, dans chaque pays et par delà des frontières, permettra de poser des jalons vers une autre Europe, des travailleurs et des peuples.
La réponse protectionniste, présentée comme solution immédiate au chômage et à la crise, séduit une partie de la classe ouvrière et de la jeunesse. Elle a de plus des racines profondes dans une partie de la gauche française : le slogan du PCF dans les années 1980 était « Produisons français ». Une antienne vaguement reprise par Montebourg quand il était ministre.
Le protectionnisme permettrait selon eux de défendre les entreprises françaises, le « made in France », et l’emploi. C’est oublier que l’économie qui se trouve sur le territoire français dépend pour beaucoup non seulement de capitaux extérieurs mais aussi de marchés extérieurs. Les travailleurs ne retiraient aucun bénéfice d’une guerre commerciale entre capitalistes, voire en feraient les frais. De plus, des mesures protectionnistes de toutes sortes qui évoluent en fonction des intérêts du grand patronat sont intégrées au système de libre-échange.
Sous le capitalisme mondialisé, le libre-échange conduit à une mise en concurrence accrue des travailleurs de tous les pays, avec pour conséquence de tirer vers le bas les salaires, les conditions de travail et les protections sociales. Quant au protectionnisme, il entraîne inévitablement une dynamique de guerre commerciale, dont la conséquence est un renchérissement des produits et biens importés qui frappe le pouvoir d’achat des classes populaires et affecte la compétitivité des secteurs économiques qui en dépendent. Et là encore, les patrons réagissent par des licenciements, des fermetures ou délocalisations. Il nous faudra expliquer que le libre-échange comme le protectionnisme capitaliste bénéficient exclusivement au capital – ou à certains de ses secteurs ; et que tant que ce système ne sera pas renversé, les salarié-e-s et les couches populaires resteront dans l’un ou l’autre cas les dindons de la farce.
Nous ne défendons donc pas, comme le font une partie de la gauche et des dirigeants syndicaux, « l’industrie française » ou une « meilleure solution industrielle » pour « nos capitalistes » mais les intérêts solidaires des travailleuses et des travailleurs d’Europe et d’ailleurs. Pour combattre les divisions entre les travailleurs et travailleuses des différents pays et leur mise en concurrence, la solution réside dans les luttes pour imposer l’égalité des salaires et des conditions de travail dans toutes les entreprises d’Europe et même hors de l’Union européenne. Cela ne nous empêche pas de revendiquer l’abrogation immédiate des réglementations qui servent cette mise en concurrence (directives sur le travail détaché, traités de libre échange du type CETA) et l’égalité des droits pour tous les travailleurs exploités en France, sans distinction de nationalité ou de pays d’origine.
Pour autant, nous ne sommes certainement pas des partisans de la « concurrence libre et non faussée » qui vise à l’exploitation toujours plus effrénée des travailleurs. Nous défendons inconditionnellement la liberté de circulation et d’installation des personnes.
Nous sommes en revanche pour un strict contrôle des mouvements de capitaux. Quant aux marchandises, leur libre circulation ou non devra dépendre de leur utilité sociale, de leur impact écologique, du lieu et des conditions de leur production. Notre critère général est la défense des intérêts spécifiques des producteurs et des classes populaires, non seulement en France mais en Europe et dans le monde entier.
La question est : protéger quoi et qui ? Sans remise en cause de la propriété privée des grands moyens de production, d’échange et de transport, les seuls protégés seront les grands patrons et leurs profits. Mais un gouvernement anticapitaliste devrait prendre des mesures de rupture avec le marché européen ou mondial en vue de réaliser son programme ou de se défendre contre l’agression et les représailles économiques menées par la bourgeoisie. En même temps, différence de taille, il s’adresserait immédiatement à tous les peuples pour avancer vers une Europe des travailleurs, où le contrôle effectif de l’ensemble de l’économie par les travailleuses et les travailleurs organisé-e-s démocratiquement, dans leurs entreprises et leurs quartiers, s’étendrait aussi bien à l’échelle nationale qu’européenne et au-delà. Ce projet à un nom : le socialisme. Il ne peut se déployer qu’en dépassant les frontières actuelles.
Les axes de notre programme
Nous développerons en conséquence un programme combinant des mesures d’urgence pour notre classe et toutes les victimes du chaos engendré par les politiques impérialistes, et des revendications traçant la perspective d’une Europe des travailleurs et des peuples. Ces mesures et revendications sont incompatibles avec leur Europe, nous nous prononçons en ce sens pour la rupture avec les institutions, les traités et les règles de l’UE. Elles ne peuvent être mises en oeuvre que par un gouvernement des travailleurs/ses qui exproprierait les grands groupes capitalistes et qui socialiserait les moyens de production et l’investissement.
Un plan d’urgence pour la convergence des luttes
La crise que traverse notre société suscite aussi, face à elle, une réelle colère au sein du monde du travail – en activité ou à la retraite – et au sein de la jeunesse. La combativité n’a pas manqué même si le rapport de force reste très dégradé. C’est de cette colère dont notre campagne doit être porteuse. Face à l’offensive de Macron, la seule issue pour notre classe est un mouvement d’ensemble, une grève générale prise au cours de laquelle les opprimés et les exploités prennent leurs affaires en main, s’auto-organisent, et remettent en cause le pouvoir des capitalistes et de leurs gouvernements. Il n’y aura pas de solution institutionnelle ou négociée pour en finir avec l’austérité, au niveau national comme européen, c’est une des dures leçons de la tragédie du peuple grec. Dans la continuité de la campagne Poutou 2018, les mesures que nous voulons populariser au travers de cette campagne sont donc un programme pour l’action et la mobilisation, pour faire converger les différents secteurs du monde du travail et de la jeunesse. Elles ne pourront être mises en œuvre que par leur intervention.
Interdire les licenciements, pousser l’auto-organisation jusqu’aux dynamiques de planification démocratique de la production des biens et des services
Pour mettre fin au fléau du chômage, il faut interdire les licenciements et les suppressions de postes, imposer le partage du travail entre tous, sans diminution de salaire, pour garantir à toutes et tous un emploi. L’organisation démocratique du travail et celle de la production de biens et de services sont des nécessités plus qu’urgentes pour inverser les tendances lourdes à la destruction des tissus sociaux et de l’environnement qui mènent le monde au désastre. Nous devons enlever concrètement toute légitimité à la logique du profit et des élites pour imposer celle de la démocratie d’en bas.
Augmenter les salaires
L’ensemble des salaires et pensions doit être augmenté, il faut imposer une unification des droits sociaux vers le haut à l’échelle de toute l’Europe.
Mettre fin aux cadeaux fiscaux
Il faut mettre un terme aux subventions directes ou déguisées qui alimentent les profits des gros actionnaires afin de créer immédiatement, avec l’argent ainsi récupéré, les millions d’emplois nécessaires dans les services publics – hôpitaux, Éducation nationale, transports publics, logement…
Garantir l’égalité d’accès à une éducation et une formation gratuite pour toutes et tous
En finir avec la sélection sociale dans l’éducation et à l’université pour donner le droit à l’éducation et à la culture pour toutes et tous, remise en cause du processus de Bologne qui s’applique les politiques néolibérales au niveau de l’éducation.
Annuler la dette
Le mécanisme européen de stabilité et les plans d’ajustements structurels, en permettant de renflouer les banques imposent également le respect des règles du pacte budgétaire. Un chantage dont le peuple grec a payé un prix très lourd.
Ici, pour s’attaquer aux services publics, le gouvernement invoque le poids de la dette. Cette dette n’est rien d’autre qu’une rente versée aux banques qui prélèvent ainsi leur dîme sur la richesse publique alimentée par les allègements fiscaux dont bénéficient les plus riches. Il n’y a aucune raison pour que l’État continue de s’endetter pour payer les intérêts de la dette, celle-ci doit être annulée. De même que nous ne nous soumettons pas au diktat de la dette invoquée par le gouvernement pour imposer une remise en cause des droits de cheminot-e-s et la privatisation de la SNCF.
En finir avec le secret bancaire et commercial
Pour mettre fin à la soumission de l’État aux banques, il faut imposer la fin du secret bancaire comme du secret commercial, et aller vers leur expropriation, la création d’un monopole public bancaire sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs et de l’ensemble de la population.
Ouverture des frontières, solidarité avec les migrant-e-s
Partout dans le monde, des murs et des barbelés sont érigés. La Méditerranée se transforme en cimetière avec 10 000 noyé-e-s de 2014 à 2016 et 3 091 en 2017. En 2015, la planète comptait 65 millions de déraciné-e-s mais seulement trois millions ont pu demander l’asile dans un pays riche. L’Europe a accueilli 1,3 million de demandeurs/demandeuses d’asile en 2015, tandis que la Turquie à elle seule hébergeait 2,7 millions de Syriens/Syriennes (le double), et le Liban, 1,6 million, soit le quart de sa population, la Jordanie plus de 600 000. Quant au gouvernement français, il annonçait l’an dernier bien vouloir en accueillir 24 000, mais en deux ans !
La réponse de l’Union européenne se concentre sur la construction de murs, l’accroissement de la répression policière et des mesures de déportation systématiques, la coopération avec les dictatures dans le cadre de Frontex pour ériger de nouvelles barrières au sud de la méditerranée, en particulier en Turquie et en Lybie. Les sociétés privées y trouvent leur compte, quand ce ne sont pas les maffias.
La loi « asile immigration » s'inscrit pleinement dans cette politique xénophobe et répressive. Elle rend les étrangers suspects aux yeux d'une partie de l'opinion et fait le jeu de l’extrême droite, le pire ennemi des travailleurs. Non seulement en France mais aussi en Hongrie, en Autriche et en Italie où cette démagogie politicienne a fini par faciliter son accession au pouvoir.
Pour nous, il n’y a aucune différence entre les catégories de migrant-e-s et la liberté de circulation et d’installation est un droit qui doit être garanti. Il faut en finir avec les expulsions, fermer les centres de rétention. Les hommes et les femmes sans-papiers doivent être régularisé-e-s, l’agence Frontex doit être démantelée.
De la même façon, tous et toutes doivent être autorisées à travailler en France quelle que soit leur nationalité, avec les mêmes droits que les salariés français. Le régime des autorisations de travail doit être supprimé, de même que le système du détachement par lequel les grands groupes du BTP surexploitent les travailleurs de pays d’Europe du Sud ou de l’Est.
Contre les accords de libre-échange imposés au sud de la Méditerranée, nous défendons la coopération et l’aide massive au développement durable, justifiée par la dette du colonialisme et du néo-colonialisme. Les couches populaires ont tout à y gagner, là-bas comme ici. Nos destins sont liés !
Non au militarisme et à la guerre, non au tout sécuritaire
L’Union européenne prétendait être une entente pour la démocratie et la paix, elle bafoue les deux au nom de la guerre contre le terrorisme.
Dans chaque pays, « l’union nationale » est mise à l’honneur, elle n’est qu’un moyen pour imposer l’état d’urgence et faire taire toute opposition au nom de prétendus intérêts communs, en flattant la xénophobie et l’islamophobie.
Les pays impérialistes de l’Europe sont bien incapables de s’opposer au terrorisme djihadiste. Leur responsabilité dans ces conflits politique est considérable, d’abord en Irak et plus récemment en Libye. C’est bien la défense des intérêts des multinationales et des aires d’influence qui est en jeu, et rien d’autre. Nous défendons l’arrêt de toutes les interventions militaires françaises et des ingérences impérialistes.
Pour de nouveaux droits démocratiques pour tous les Européens et les Européennes
Cette Europe n’est pas plus démocratique pour ses propres citoyen-ne-s. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, y compris au travers de consultations électorales, a tout simplement été piétiné en Catalogne, avec le soutien bruyant de tous les gouvernements européens. Nous défendons le droit à l’autodétermination du peuple catalan et de tous les peuples d’Europe. Nous sommes solidaires de celles et ceux qui luttent pour en finir avec la monarchie espagnole et instaurer une république catalane au service des classes populaires, dans le cadre d’une union libre des peuples d’Espagne et d’Europe.
Le droit pour les femmes à l’IVG au lieu de progresser connaît des régressions inquiétantes et scandaleuses dans plusieurs pays d’Europe. Le référendum irlandais du 25 mai, tout en signifiant une rupture et une avancée sociale, montre à toute l’Europe que ce combat est permanent. En France, aussi. Les femmes ont des droits à conquérir : contre les violences faites aux femmes dans la sphère privée comme dans l’espace public et au travail. Nous revendiquons l’égalité des salaires, l’avortement et la contraception libres et gratuits et accessibles partout en Europe, l’allongement du délai légal d’IVG à 24 semaines, des moyens pour accueillir les femmes victimes de violence, l’accès immédiat et gratuit aux soins pour toutes.
A l’heure où certains pays de l’UE adoptent des lois ouvertement homophobes, nous défendons l’égalité des droits homos et hétéros, notamment la procréation médicalement assistée pour toutes, une filiation directe pour les couples de même sexe, la fin des stérilisations forcées, le changement d’état civil sur simple demande, l’arrêt des mutilations des personnes intersexuées, des moyens financiers contre les LGBTIphobies.
Pour sauver la planète, une Europe écosocialiste
Le basculement climatique en cours est le produit direct du monde de production et de consommation imposé par le capitalisme. Les institutions de l’Union Européennes peuvent mettre en exergue telle ou telle mesure de « régulation » écologique, le fait qu’elles soient critiquées par les secteurs les plus réactionnaires d’un pays ou tel ou tel lobby capitaliste n’invalide pas une réalité scandaleuse : dans l’immense majorité des cas, l’Union Européenne protège les intérêts des grands groupes et des pollueurs (récemment les producteurs et utilisateurs de glyphosate, de néonicotinoïdes, d’agrocarburants, etc,), pousse les grands projets inutiles et le nucléaire, retarde les mesures de sauvegarde des écosystèmes et ne fait qu’accompagner pour le profit à court terme de quelques uns, la marche de cette société vers la destruction de l’environnement qui sera fatale à toute l’humanité. La Politique Agricole Commune et la politique commune de la pêche sont la quintessence de ces orientations faussement durables qui détruisent les petites productions et l’environnement au bénéfice des grands capitalistes.
Les travailleurs européens organisés démocratiquement peuvent décider de ce que nous produisons et consommons, notamment en matière agricole et alimentaire, de la manière dont nous voulons vivre, notamment en matière d’aménagements de l’espace, de transports et d’énergie : l’expropriation des grands groupes est nécessaire ! Il faut une nouvelle Europe, écosocialiste, fondée sur la solidarité et le respect de l’environnement.
Une voix anticapitaliste dans la campagne électorale européenne
La lutte pour défendre nos droits ne peut se dissocier de la conscience que seuls les travailleuses et les travailleurs, l’ensemble des exploitée-e-s et des opprimé-e-s, par la généralisation et la jonction de leurs mobilisations, peuvent mettre un coup d’arrêt à l’offensive réactionnaire des classes dominantes, de leurs États et de leurs institutions supranationales comme l’UE, en allant jusqu’à mettre en cause le droit des capitalistes à diriger la société et l’Etat. Partant de nos luttes, nous voulons défendre la perspective, par-delà les frontières, d’une Europe socialiste des travailleuses et des travailleurs, de tous les exploité-e-s et opprimé-e-s.
Le Nouveau Parti Anticapitaliste se voulant un instrument pour ces perspectives, fera entendre sa voix le plus fort possible lors des élections européennes de 2019.
Nous donner les moyens d’être présents aux élections européennes
Pour être en mesure de faire entendre à une échelle large ses positions et propositions, le NPA devra impulser une liste aux élections européennes. Nous savons que l’obstacle est de taille : il nous faudra disposer d’une somme autour d’1,5 million d’euros. Mais vu le caractère très particulier que prendra ce scrutin (première échéance électorale face à Macron, de plus sur une circonscription nationale unique, et dans le cadre d’une crise générale du néolibéralisme qui prend au sein de l’Union européenne de multiples expressions), le jeu en vaut la chandelle. C’est pourquoi le NPA engage dès à présent l’effort afin de réunir cette somme, dans une campagne financière qui sera étroitement liée à une pré-campagne politique, que nous mènerons sur les bases des textes adoptés.
Plus largement, le NPA s’adresse aux organisations anticapitalistes, en particulier Lutte Ouvrière qui a déjà annoncé son intention de se présenter à ces élections, mais aussi aux militant-e-s des mobilisations multiformes qui combattent le gouvernement français comme l’Union Européenne, afin de leur proposer une convergence dans une liste commune, mettant en avant ce qui nous est commun (chacun ayant par ailleurs la liberté de défendre ses positions propres)
Nous nous donnons les moyens pour que la voix du NPA soit entendue à la rentrée et dans la campagne des élections européennes de 2019, en sortant du matériel pour lancer d’ores et déjà une souscription financière avec un objectif intermédiaire d’ici le prochain CPN de septembre.