C'est avec effroi, consternation et colère que nous avons découvert ce 25 novembre l'énoncé du verdict du procès en appel des quatre militants guyanais.
Gilles Beaudi, Richard Simonard, Stéphane Palmot et Alexander Marchener sont poursuivis pour un feu de palette ayant dégradé la façade de la préfecture lors de la grève générale de juillet 2020 qui a abouti à l'obtention d'un CHU en Guyane pour 2025.
En première instance, de lourdes peines de 12 à 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt avaient été prononcées contre eux, sur la base d'un mensonge d'État avec une surestimation des coûts des réparations afin d'obtenir des peines « exemplaires ».
Malgré la mise en lumière de cette surestimation des frais de réparation de la part de la préfecture par les avocats de la défense lors du procès en appel, les quatre militants ont vu leur peine alourdie, avec 18 mois de prison ferme pour l'ensemble des prévenus. Ces peines ont été en plus assorties d’une interdiction de participer à une manifestation pendant trois ans et de l'interdiction d'exercer une profession au sein de la fonction publique pendant cinq ans, ce qui signifie une mort sociale pour trois des quatre militants qui travaillent pour des collectivités territoriales. Enfin, le juge a refusé de se prononcer sur un aménagement de peine devant permettre une remise en liberté des condamnés.
Il ne fait aucun doute qu'en statuant ainsi, c'est une justice coloniale aux ordres qui s'est appliquée et dont le message est clair en ces temps de forts tumultes dans les diverses colonies françaises : « L'État français contrôle son outil judiciaire dans les colonies et saura s'en servir sans la moindre pitié contre toutes les personnes qui se rebellent ».
Alors que la Guadeloupe et la Martinique connaissent depuis plusieurs jours des émeutes et une forte mobilisation populaire, que la Polynésie entre en grève générale, que le maintien du référendum en Kanaky pourrait créer une explosion sociale importante sur l'île, cette décision judiciaire pourrait bien mettre le feu aux poudres dans une Guyane secouée depuis plusieurs mois par la mobilisation contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire et sous la menace d'un mouvement contre le prix des carburants et la vie chère.
Macron met le feu dans les colonies françaises et apporte pour seul réponse l'envoi du RAID, du GIGN et l'instrumentalisation de la justice. Le NPA rappelle son attachement à la décolonisation et à l'autodétermination des peuples colonisés, et apporte tout son soutien aux mobilisations populaires en cours et aux militants injustement condamnés.
Montreuil, le 26 novembre 2021