La prise de parole d’Emmanuel Macron s’est focalisée sur deux thèmes : le confinement généralisé et le fétichisme de la production. La suspension des réformes des retraites et de l’assurance chômage, les promesses d’aides ne masquent pas la réalité d’une politique inefficace et autoritaire.
Interdiction des réunions, des rassemblements personnels, possibilité de légiférer par ordonnances, fermeture des frontières, sur fond de référence à la guerre et à l’Union nationale : c’est toute la vie démocratique et culturelle qui est menacée d’être suspendue, comme l'ont confirmé les annonces martiales de Castaner plus tard dans la soirée. Macron exige le confinement, devenu indispensable à l'heure actuelle selon les autorités sanitaires, mais sans utiliser le mot et sans proposer, par exemple, la moindre mesure pour aider les personnes dont les logements ne sont pas adaptés ou pour les sans-logis.
Et, en revanche, il faut aller travailler, à n’importe quel prix, notamment les moments de transports où on peut répandre le virus. En télétravail – ce qui n’est pas toujours possible, surtout si l’on doit garder des enfants – ou en réorganisant le travail, ce qui se concrétise déjà dans certaines entreprises par le travail en 2x8. Des réquisitions ont été envisagées dans certains services publics, sans que l’on sache lesquels.
La gestion de l’épidémie est en réalité en grande partie renvoyée à la responsabilité individuelle de chacunE, alors que c'est le gouvernement qui est responsable de la situation en ayant refusé de prendre des mesures plus tôt et en ayant minimisé la crise à venir.
Il n’y a pas une mesure pour les hôpitaux : pas une seule embauche, pas de chiffre avancé, pas de réorganisation de la production pour produire des masques, du gel, des respirateurs qui manquent cruellement à l'heure actuelle, simplement la promesse d’un hôpital de campagne militaire en Alsace ainsi que de vagues annonces de gardes d’enfants des personnels soignants.
Les mesures pour les salariéEs précaires sont extrêmement floues. Et si Macron nous convie à retrouver "ce sens de l'essentiel" que sont la lecture et la culture, aucune mesure n'a été annoncée pour aider, par exemple, les salariéEs de la culture, comme les intermittentEs, à faire face aux conséquences du confinement.
En revanche, on a bien entendu que 300 milliards sont réservés pour empêcher une faillite des banques, et que les entreprises auront des avantages (report du paiement des factures, etc.) que la population n’aura pas.
Le NPA revendique un arrêt de la production non indispensable, la réorganisation de la production pour produire ce qui est indispensable, notamment pour endiguer la crise sanitaire, sur le plan matériel (masques, gel hydro-alcoolique, respirateurs…) comme dans la recherche scientifique.
Le NPA s’oppose à toute mesure antidémocratique ou générant des reculs des droits des salariéEs. C’est par en bas et collectivement, entre salariéEs, que l’on évalue les risques que l’on prend, en conscience, des décisions, que l’on sait si on peut travailler, se réunir, revendiquer des moyens médicaux.
Il faut investir massivement dans la santé, réquisitionner les cliniques privées, les logements vides, les hôtels de luxe, fermer la Bourse.
Le NPA s’adresse à toutes les organisations du mouvement ouvrier pour discuter de comment revendiquer et imposer des mesures pour la santé, pour endiguer le virus, sans restreindre les droits démocratiques et sociaux.
Montreuil, lundi 16 mars 2020