La France officielle – celle des milliardaires et des militaires - est, vraiment, extrêmement, préoccupée de la cause des droits de l’homme sous les régimes autocratiques. Il suffit de le croire, pour qui veut bien se prêter au jeu.
Les autres regarderont plutôt les faits. En voici quelques uns : Le samedi 14 février, en visite à Rabat, le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve annonce la très prochaine remise d’une Légion d’honneur à un ressortissant marocain. L’homme ainsi honoré n’est autre qu’Abdellatif Hammouchi, le chef de la Direction générale de la surveillance du Territoire marocain. Il y a un an, son nom avait été très présent dans les médias français. A la demande d’une juge d’instruction française, la police française avait remis en février 2014 une convocation à M. Hammouchi de passage en France : cela faisait suite au dépôt de plaintes déposées par plusieurs victimes de torture, qu’elles soient en France ou au Maroc, et par une association qui les représente en France, sur le fondement de la compétence universelle.
Cela a provoqué l’ire du régime marocain, qui réprime à tout va, emprisonne des jeunes militantEs comme Wafaa Charif, condamnée à deux ans d’emprisonnement pour avoir dénoncé des actes de torture, et opprime le peuple sahraoui. Pendant un an, la coopération judiciaire entre les deux Etats fut gelée et les plaignants pour tortures précités sont maintenant assignés en justice au Maroc. Ainsi, du statut de présumé tortionnaire, Hammouchi passe à celui de « dignitaire honoré ».
Au même moment, le 15 février, des dizaines de policiers en civil ont encerclé et attaqué le siège de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à Rabat puis agressé violemment une de ses militantes, après avoir durant l’année écoulée, interdit, hors de toute procédure légale, la majeure partie des activités publiques cette association. Deux journalistes français qui se trouvaient alors à l’intérieur du siège de l’AMDH, Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, ont été arrêtés puis immédiatement expulsés. Il faut dire que les révélations sur la fraude fiscale et les dépôts sur des comptes à l’étranger des grands dignitaires du régime, famille royale comprise, ne sont pas de nature à rassurer le pouvoir dans un contexte où le débat sur « la répartition des richesses » commence à devenir public. Le pouvoir est sensible à tout ce qui peut ternir son image et le faire apparaître pour ce qu’il est : despotique et prédateur. Il peut compter sur la complicité de l’Etat français. Le Quai d’Orsay a déclaré explicitement à leur rédacteur en chef qu’il n’entendait aucunement protester.
Par ailleurs, le lundi 16 février, a été signée la vente de 24 avions de combat de type « Rafale », lors d’un déplacement du ministre français de la Défense au Caire. L’Egypte, économiquement ruinée, n’a pas les moyens de s’acheter de tels jouets, mais l’achat est financièrement garanti par l’Arabie Saoudite, royaume connu pour être le sponsor des droits humains en tout genre.
La France montre ainsi que, quatre ans après les révoltes de masse dans les pays arabes, elle se range, plus que jamais, clairement du côté des ennemis de leurs peuples. Le NPA dénonce ces complicités et soutiendra toutes les forces populaires qui se battront pour leurs droits.
Montreuil, le 17 février 2015