Résolution politique
1) Les élections municipales des 23 et 30 mars accentuent la crise politique jusque-là latente. Et acte une évolution des rapports de forces politiques dans un sens défavorable aux travailleurs. Riches d’enseignement, elles donnent une photographie des rapports de forces tels qu’ils ont évolué depuis l’élection de Hollande à la Présidence de la République Elles sont le reflet d’une crise sociale, institutionnelle et politique sans précédent, conséquence de la rupture qui s’opère entre les partis institutionnels et le monde du travail. Le remaniement ministériel décidé par François Hollande pour tenter de reprendre l’initiative, non seulement ne règle rien, puisque celui-ci ne cesse de répéter qu’il n’est pas question de changer de cap, mais de plus il accentue les facteurs de crise. Hollande met en place « un gouvernement de combat » sous la houlette de celui qui a fait « du Sarkozy » au ministère de l’intérieur. Cette nomination est une agression contre les travailleurs, les immigrés, les classes populaires, contre toute la gauche y compris les militants du parti socialiste. La mise en place de ce gouvernement de combat est une véritable déclaration de guerre nous devons le combattre.. Néanmoins, issu d’une défaite électorale, il reste extrêmement fragile. Les résultats catastrophiques du PS précipitent sa crise larvée, ce que révèle par exemple l’appel des 100. Ce qui peut peser lourdement puisque la groupe parlementaire PS ne dispose de la majorité absolue que de deux voix.
2) Hollande prétend avoir entendu le message que lui ont envoyé les électeurs au 1° comme au 2° tour. Il l’a certes entendu, mais avec les oreilles des patrons. Ce message est en effet une condamnation de sa politique en faveur du patronat et antisociale. Au premier tour, dans bon nombre de ses bastions traditionnels, il a été mis en échec : Grenoble, Montpellier, Toulouse, Lyon, Limoges, en Bretagne également…171 villes sont finalement passées de la gauche à la droite. Fait notable : à Grenoble, c’est EELV et le PG qui enlève la mairie au PS.
C’est le résultat de la politique menée depuis deux ans : l’ANI, le crédit d’impôt compétitivité, le pacte de responsabilité, les 50 milliards de réduction de dépenses publiques. Politique qui n’a de cesse de s’attaquer au monde du travail mais pas aux licenciements, aggravant ainsi le chômage et la précarité.
3) Le taux d’abstention historiquement élevé exprime l’immense fossé qui sépare le pouvoir des électeurs. L’abstention marque le ras l’bol de la gauche libérale, particulièrement dans les classes populaires. En effet, si l’abstention est forte partout (38% en moyenne, le plus fort taux depuis le début de la 5° république) elle l’est surtout dans l’électorat de gauche et dans les villes pauvres dans lesquelles le nombre d’étrangers sans droit de vote ajouté au nombre de ceux et celles qui se sont abstenus fait que seuls 10% ont participé à l’élection de ceux qui vont diriger la ville. Se sont exprimés un dégoût des politiques et un certain désespoir : le légitime sentiment que voter ne permet pas de peser sur quoi que ce soit et que quel que soient les partis qui la portent, la politique se fait toujours pour l’intérêt de quelques uns, les plus riches, contre leurs intérêts à eux le plus grand nombre. C’est à dire que la gauche et la droite c’est pareil. Toutes les affaires de ces dernières semaines, le climat de magouilles permanent ont renforcé encore le choix de ne pas aller voter.
Il y a là une nouvelle manifestation d’une crise de cette démocratie bourgeoise, qui sert essentiellement à tromper les travailleurs en tentant de leur faire croire qu’elles et ils décident de la politique menée alors que seuls le patronat et les riches ont ce pouvoir. Elle démontre l’urgence de la reconstruction d’une indépendance de notre classe face à la bourgeoisie, d’une conscience de classe dans le monde du travail.
4) Mais aujourd’hui, la crise profite au Front national. Depuis des mois, celui-ci se nourrit du désespoir d’une partie de la classe ouvrière qui espère trouver dans ses réponses à la fois simplistes et totalisantes, une issue à une situation rendue insupportable par les mesures prises par Hollande, président du Medef. En dénonçant l’UMPS, forme moderne du « tous pourris », en se présentant comme un parti légitime quoique non institutionnel, le FN a leurré un certain nombre d’électeurs sur le fait qu’il incarnait la nouveauté. Il s’affiche comme troisième force politique, en capacité de perturber le système de l’alternance entre la droite et la gauche libérale, système jusqu’alors bien rôdé de la V° république mais aujourd’hui grippé.
En faisant élire plus de 1200 conseillers municipaux, en raflant 14 villes, le FN confirme une présence constante, résultat en partie d’un travail de terrain tenace et démagogique. En gagnant dès le premier tour, la Ville d’Hénin Beaumont, l’extrême droite fait de cette ville symbole qui a vu aux législatives un affrontement à caractère national entre Mélenchon et Marine Le Pen, une victoire nationale, un lieu d’expérimentation de ses idées.
Le FN renforce son ancrage, même s’il ne s’agit pas d’une poussée extraordinaire. Mais en devenant la troisième force politique, en conduisant des politiques locales concrètes, il peut s’institutionnaliser. Il pourra moins se présenter comme « anti système ». Des groupes sur sa droite peuvent occuper un terrain que le FN occupera moins. En entrant dans le jeu institutionnel il enfonce un coin dans la bipolarisation de la vie politique de la 5°, il participe ainsi de la crise actuelle
L’extrême droite est et demeure un réel danger, pour les travailleurs, les militants, les étrangers et toute la population. Plus que jamais nous devons rester vigilant. Le combat spécifique contre l’extrême droite est indissociable du combat contre les politiques du gouvernement PS/ Medef.
L’UMP mais aussi le MODEM et l’UDI sont les premiers bénéficiaires de la défaite de la gauche. La droite gagne 171 villes à la gauche (Limoges, Angers, Toulouse par exemple.). Nul doute que cette droite sort renforcée de ces élections et qu’elle va peser lourdement pour que le gouvernement actuel continue dans sa politique de sabotage des acquis sociaux et des cadeaux au patronat. Elle fera également une pression forte sur le gouvernement pour tout ce qui concerne la sécurité, la chasse aux étrangers et le recul des droits en général. Même si le 29 mars, l’UMP a résisté aux sirènes du front national, il est clair que la recomposition de la droite est en cours : face à la droite traditionnelle de Sarkozy et Copé, un fort courant « centriste » pourrait s’organiser autour de Juppé et Bayrou, alors qu’une autre partie pourrait être tentée par une alliance avec le FN. La guerre des chefs continue, la crise politique est aussi à l’œuvre à droite, malgré ses succès politiques.
6) Bien qu’au gouvernement jusqu »aux élections municipales, EELV tire son épingle du jeu. Il faudra bien sûr apprécier les conséquences, pour le parti écologiste, de la perte de plusieurs dizaines de mairie par la gauche, mais c’est un fait : les listes EELV s’en sortent plutôt bien. Dans la plupart des grandes villes, elles voisinent ou dépassent les 10% au premier tour. Clairement, le vote écologiste, toujours plus important lors des élections locales qu’à l’occasion des grandes échéances nationales, est apparu comme un vote refuge pour l’électorat socialiste mécontent. La nomination de Valls a ouvert des discussions au sein de la direction qui a décidé de ne plus participer au gouvernement tout en refusant de se situer dans l’opposition.
7) Cette crise n’épargne personne. Les composantes du Front de gauche ont suivi des stratégies divergentes pour ces élections municipales : au premier tour, l’autonomie pour le Parti de gauche et Ensemble et la participation sur les listes PS pour le PC dans la moitié des villes de plus de 20 000 habitants Cela n’aide pas à identifier le Front de gauche comme clairement opposé à la politique gouvernementale et c’est aujourd’hui un facteur de crise interne forte entre ses différentes composantes. Le message est pour le moins brouillé. De très nombreux électeurs de gauche mécontents de la politique gouvernementale ont préféré l’abstention au vote pour le Front de gauche.
La stratégie du PC d’union avec le PS, était vouée à l’échec : il est sans aucun doute un des grands perdants de ces élections. La direction du PC sort largement discréditée, elle paie très cher sa volonté politique de sauver quelques maires. Au total, le PC perd 57 villes de plus de 3 500 habitants. Il perd 7 villes de plus de 30 000 habitants sur 28 et 19 villes de plus de 10 000 habitants sur 81. Il faut remonter à 1983 et 1989 pour trouver un tel recul. Si le PC avait jusqu’alors réussi à sauvegarder son implantation municipale grâce à ses accords avec le PS, ses résultats et surtout le virage que représente la nomination de Vall,s risquent bien de clore la période.
Quant au PG sa stratégie est à ce jour de se tourner fortement vers EELV. Leur sortie du gouvernement va sans doute renforcer leur démarche.
_Nos propres résultats, faibles dans l’ensemble, sont cependant hétérogènes en fonction des situations locales et de la façon dont nous avons pu réussir à mettre en œuvre notre orientation : indépendance au 1° comme au 2° tour par rapport aux partis au gouvernement, programmes clairement anticapitalistes, et sur ces bases, volonté de discuter avec les partis du FdG et LO. Et elle a été bien comprise dans les villes où ces débats ont été menés. Nous avons pu être présents dans 87 villes dont 55 de manière unitaire. Nous avons donc 10 élus, et un score de plus de 10 % dans une dizaine de communes. Le cadre unitaire a été très variable depuis des listes d’alliance avec le P G, Ensemble, les Alternatifs, parfois le PC, parfois des associations locales ou le MOC. Nous ne pouvons que regretter le choix de LO de se présenter seul et que le PG ait préféré parfois s’allier avec EELV empêchant la construction de listes unitaires comme nous l’avions proposé. Dans de nombreux endroits, si ce n’est partout, la campagne a permis de renforcer les liens, de nous tourner vers l’extérieur, de maintenir, au-delà de la campagne, des collectifs mêlant personnes « encartées » ou pas pour envisager des actions communes et la montée sur Paris du 12 avril. Aujourd’hui nous avons besoin de capitaliser ces expériences, de faire en sorte qu’elles profitent à l’ensemble du parti pour engager un travail de construction et d’organisation. En bref, cet épisode électoral nous a permis de renforcer notre profil tout en nous ouvrant des perspectives d’actions pour la suite . Ces perspectives s’articulent autour de deux rendez vous : la manifestation nationale du 12 et la campagne pour les élections européennes.
Nous voulons tout faire pour que la journée du 12 soit un succès. Rappelons que ce processus de discussions politiques qui a abouti à la préparation de cette journée a été enclenché suite à la proposition du dernier CPN telle que l’a formulée Olivier Besancenot, celle d’un weekend de révolte de gauche et la lettre ouverte que nous avons envoyée à l’ensemble des organisations. La façon dont nous avons engagé cette bataille illustre notre démarche politique combinant indépendance anticapitaliste et politique de front unique. Elle nous a permis de peser sur les discussions pour faire de cette journée une première étape de mobilisation contre le gouvernement et sa politique. Elle se construit dans de nombreuses villes dans lesquelles les militants du NA jouent un rôle essentiel. Elle doit être le début d’une mobilisation active de notre camp pour aller vers la construction d’un rapport de forces en notre faveur.
La campagne des européennes sera pour nous l’occasion de réaffirmer largement notre orientation politique globale articulant dénonciation des partis institutionnels qui mettent en œuvre les politiques d’austérité dans le cadre de l’Europe, de la BCE et du TSCG, opposition à ce gouvernement PS/Medef, lutte contre la démagogie nationaliste et xénophobe du FN autour de la perspective de la solidarité et de la coopération internationaliste des peuples.
Aux élections européennes, le NPA souhaiterait la constitution de listes unitaires avec toutes les forces politiques qui, entendent se situer en opposition au gouvernement, à la droite et à l’extrême droite et rejettent toute forme de nationalisme et de souverainisme. C’est dans cet objectif que le CPN des 5 et 6 avril décide de s’adresser publiquement à LO et aux partis du Front de Gauche. LO nous a déjà dit qu’ils ne partageaient pas notre préoccupation, les désaccords avec le PC et le PG demeurent. Mais il nous semble important de porter à la connaissance des militant(e)s de ces partis qui se revendiquent du mouvement ouvrier la politique que nous pensons qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre. C’est pourquoi nous nous adressons à eux.
Parallèlement, pour assurer sa présence aux élections européennes, le NPA se prépare à se présenter dans 5 circonscriptions. C’est pour nous donner les moyens de notre présence à cette échéance, que nous relançons la campagne financière. C’est la priorité de l’ensemble des camarades, nous devons y investir toutes nos forces dès maintenant.
La préparation du 12, les discussions sur ses suites, le travail autour des acquis de la campagne municipale et la campagne européenne donnent un cadre d’ensemble à nos activités et interventions. Plusieurs luttes revêtent une dimension d’ensemble, pour ne citer que les principales :
* face au FN, il faut construire des comités de vigilance les plus unitaires possibles et renforcer les associations de défense des personnes étrangères, surtout après la nomination de Valls ! Nous devons être en capacité de coordonner au niveau national les initiatives qui pourront être prises ;
la manifestation à NDDL, un vrai succès dans une période où ils étaient rares, nécessite que sur ce terrain aussi nous ne lâcherions rien contre les grands projets inutiles pour le profit des Vinci, Bouygues et consorts et que nous fassions entendre notre discours éco-socialiste de mieux en mieux perçu ;
la lutte des postiers du 92. Deux mois de grève sur un sujet essentiel qui touche à la casse du service public, à la précarisation des statuts et au mépris des travailleurs. Cette lutte trouve un écho dans la population et dans d’autres bureaux de poste. Important aussi du fait que la grande réforme de la poste prévue en 2015 et qui sera débattue avec les syndicats cette année, vise à casser encore un peu plus ce service public et à l’aligner sur les directives européennes de privatisation ;
La lutte des intermittents et précaires. Une lutte également centrale pour l’emploi et la culture dans un milieu souvent jeune, déçu par la gauche et déterminé à résister. Milieu souvent en recherche de débats sur des alternatives politiques
A travers ces luttes, et d’autres plus locales, nous devons rechercher l’unité contre ce gouvernement et sa politique. Et dans ces cadres défendre nos idées anticapitalistes et nos perspectives de construction d’une opposition de gauche au gouvernement
Résolution Europe
Contre l’Europe de l’austérité et du chômage
Contre l’Europe de la finance, du profit et de la concurrence Pour une Europe de la solidarité et de la coopération, L’Europe des travailleurs et des peuples
Les élections au parlement européen de mai 2014 revêtent un caractère particulier. En effet, elles interviennent après des années de crise à travers lesquelles les États et les classes dominantes ont imposé aux peuples une régression économique et sociale dramatique en particulier en Grèce, au Portugal ou en Espagne. Ici aussi, Sarkozy puis Hollande ont mené une politique visant à augmenter les profits capitalistes au nom de la lutte contre les déficits budgétaires et de la compétitivité, de la concurrence dite « libre et non faussée ». Cette offensive contre les travailleurs et les peuples favorise partout les préjugés réactionnaires, la multiplication des agressions racistes, crée un terrain favorable aux idées de l’extrême-droite xénophobe et raciste ici, voire fascisante dans d’autres Etats.
Elles interviennent aussi alors que le gouvernement PS-Medef est confronté à une crise politique que le remaniement gouvernemental et la nomination de Valls comme premier ministre ne pourra qu’aggraver. Cette crise est la conséquence du large et profond désaveu, du rejet qui s’est exprimé lors des élections municipales.
Il est indispensable que, dans ces élections, se fassent entendre une voix en rupture avec les partis institutionnels désavoués par les abstentionnistes comme avec le système qu’ils servent.
En nous présentant nous voulons à la fois combattre les politiques menées par la droite ou la gauche libérale et la démagogie du Front national. Nous voulons dire non à l’Europe de l’austérité et du chômage, non aussi au repli national pour tracer la perspective d’une Europe des travailleurs et des peuples. Nous voulons donner la possibilité à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent d’exprimer leur rejet de cette Europe du chômage et de l’austérité. En votant anticapitaliste, ils feront de leur bulletin de vote un geste de solidarité et de lutte par-delà les frontières.
1)Une fausse démocratie pour une vraie dictature de la finance et des multinationales
La construction d’une coopération entre les peuples d’Europe qui ont été dans le passé et aujourd’hui encore, déchirés dans tant de guerres, est un besoin, une nécessité historique. Elle est une condition pour aller de l’avant, œuvrer au progrès social et culturel, agir au niveau international pour un monde nouveau fondé sur la coopération entre les peuples.
L’Europe capitaliste, l’Europe de la Banque Centrale Européenne est à l’opposé de cette perspective, elle en est la négation. Elle soumet les peuples à la concurrence, divise les travailleurs afin de faire baisser le coût du travail pour le plus grand profit du capitalisme, elle organise la régression sociale en détruisant les acquis des luttes ouvrières, remet en cause les droits des femmes. Au lieu d’œuvrer à l’alignement par le haut, elle tire vers le bas. Loin d’agir pour la paix, elle intervient dans le monde, en Afrique en particulier à l’initiative de la France, ou en Ukraine aujourd’hui, pour maintenir la domination des vieilles grandes puissances occidentales, les USA et celles d’Europe.
Cette Europe est soumise aux intérêts des multinationales financières qui exercent leur contrôle sur les États dont elles tiennent les cordons de la bourse et qui leur assurent une gigantesque rente par le jeu pervers de la dette publique. La démocratie n’est plus qu’un leurre.
Le Parlement Européen n’a aucun vrai pouvoir.
En 2005, le référendum sur la constitution européenne se solda par un échec pour les partisans de l’Union Européenne. Tout ceci n’empêcha pas Sarkozy d’ignorer ce vote en approuvant le traité de Lisbonne, avec le soutien du PS. Voilà leur démocratie !
La Commission européenne a le quasi-monopole de l’initiative législative. Elle est complètement bureaucratique avec ses propres mécanismes de promotion de cadres qui n’est soumise à aucun contrôle démocratique. Le fait que les partis doivent maintenant présenter, lors des élections européennes, des candidats à sa présidence ne change rien quant au fond. La répartition de portefeuilles entre les pays et les partis se fera par des négociations secrètes. Elle traduit dans les législations européennes les orientations décidées lors des Sommets européens qui réunissent les chefs des Etats et des gouvernements européens, en toute opacité, hors de tout contrôle des peuples.
2) Leur Europe au service des classes dominantes est un instrument contre les populations.
Pour tenter de donner une légitimité à leur construction bureaucratique contre les peuples, les États et les gouvernements prétendent que l’Union européenne serait une protection contre la mondialisation financière libérale et impérialiste. C’est, de toute évidence, faux. Depuis le début de la crise, partout en Europe les attaques contre notre camp social ont conduit à de profonds reculs dont la Grèce est la dramatique illustration.
La seule fonction de leur Europe est d’offrir un cadre économique et commercial pour l les multinationales afin de mener la guerre économique face à l’offensive de la Chine et des pays émergents.
Cela se double des politiques d’austérité que s’imposent volontairement les différents Etats pour faire monter le taux de profit et sauvegarder la monnaie unique.
Depuis l’explosion de la crise en 2007, la troïka est montée en première ligne pour accélérer la remise en cause les divers acquis arrachés par les travailleurs d’Europe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. De Madrid à Athènes, les peuples rejettent les « recettes » de Barroso-Draghi-Lagarde.
Alors que le Traité de Maastricht et ses suites nous promettaient une « convergence » économique, la réalité a été celle de l’exacerbation des contradictions et des tensions nationales C’est pourquoi nous affirmons que l’Europe des capitalistes ne répond pas aux besoins du développement social et humain.
Les bourgeoisies de chaque pays et les États qui servent leurs intérêts ne veulent surtout pas d’une Europe démocratique et progressiste. Seuls les peuples prenant leur destin en main en rompant avec la politique des classes dominantes pourront sortir de ce piège pour construire une Europe en rupture avec la concurrence, la course au profit, la compétitivité et les rivalités entre nations.
3) L’Europe des spéculations financières
L’Europe a été très durement frappée par la crise qui est partie des États-Unis en 2007. Elle est le maillon faible du capitalisme mondial parce qu’elle est un assemblage hétéroclite d’économies et d’États de forces tout à fait inégales en concurrence impitoyable entre eux et cela sans aucune capacité de régulation centrale. C’est cela qui a créé un terrain particulièrement favorable aux spéculations sur les dettes publiques d’autant que les banques privées ont le monopole du crédit aux États. L’euro n’est pas en soi responsable de cela, mais n’est qu’un outil du choix politique de classe, de l’abandon de leurs propres prérogatives financières par les Etats qui se livrent et se soumettent aux intérêts privés des banques.
Alors que les besoins de crédit des gouvernements des autres grandes puissances, dont celui des États-Unis, peuvent être satisfaits par leur banque centrale, notamment par l’intermédiaire de la création monétaire, les pays membres de la Zone euro ont renoncé volontairement à cette possibilité. Au final, si en raison de l’ampleur de la crise, la Commission européenne a été amenée à ne pas respecter à la lettre les Traités européens, c’est surtout pour préserver le système bancaire et en exigeant des Etats des contreparties draconiennes : privatisations, réductions des salaires et des retraites, licenciements dans les services publics, réduction des dépenses publiques en général, sociales en particulier.
4) Le gouvernement Hollande-Ayrault n’a qu’un seul horizon, l’Europe de l’austérité et de la concurrence
A peine arrivé au pouvoir, et contrairement à sa promesse de renégocier ce traité, François Hollande a entériné le traité budgétaire (TSCG) la règle d’or de l’austérité, voulu par Sarkozy avec Angela Merkel. Il se soumet volontairement à la pression des banques, se fait leur agent et factotum contre les salariés et les classes populaires. Au nom de la lutte contre les déficits, ils bradent les services publics en premier lieu la santé et l’Education. Au nom de la course à la compétitivité, ils poursuivent la remise en cause des droits des salariés engagés par Sarkozy, attaquent les retraites. Avec le pacte de responsabilité il distribue 30 milliards d’euros au patronat au prix de la remise en cause de la protection sociale. Ainsi, le chômage s’aggrave de mois en mois, les conditions de vie et de travail se dégradent, la régression sociale nourrit les inquiétudes, les peurs, les désespoirs que flatte le Front national. Tout cela pour canaliser le mécontentement contre l’Europe et mieux défendre les intérêts des classes dominantes, des riches. C’est une impasse dont les classes populaires ne pourront sortir qu’en prenant l’offensive contre ces classes dominantes, pour défendre leurs propres intérêts sociaux et politiques, par-delà les frontières.
5) le piège du repli national et de la xénophobie
Le Front national se fait le champion de la dénonciation de la tyrannie de Bruxelles pour mieux défendre une politique souverainiste, nationaliste et chauvine qui prône la sortie de l’Euro pour défendre le retour au franc et le repli national.
Une telle politique est extrêmement dangereuse, elle n’a d’autre objectif que de diviser et dresser les uns contre les autres les travailleurs pour le plus grand profit des capitalistes dans une situation où la crise entraînerait un effondrement de l’Union européenne.
Même en rompant avec l’Europe de Bruxelles, une France capitaliste resterait, comme la Grande Bretagne le démontre, soumise aux marchés financiers. Les populistes réactionnaires qui postulent au pouvoir au pouvoir veulent imposer par une main de fer aux populations le prix d’une dévaluation compétitive pour gagner des parts de marchés, exporter et payer la dette. Ils veulent faire taire les peuples en les dressant les uns contre les autres, en les divisant par le racisme et la xénophobie.
Une telle perspective est un piège mortel.
Nous nous situons dans une tout autre perspective, celle des Etats Unis socialistes d’Europe.
6) D’Athènes à Tuzla en passant par Paris, l’Europe des travailleurs et des luttes
Cette perspective n’est pas une utopie, un rêve. Elle s’inscrit dans une histoire qui a commencé au 19ème siècle avec la première grande révolution européenne, le soulèvement démocratique de 1848, « le printemps des peuples » qui a bouleversé toute l’Europe contre les vieilles dynasties qui espéraient pouvoir continuer à manipuler les peuples en fonction de leurs seuls intérêts au gré de leurs rivalités et luttes d’influence. Aujourd’hui, ce sont les dynasties financières qui voudraient se jouer des peuples… Un nouveau printemps est à l’ordre du jour, les révoltes grecques, portugaises, espagnoles ou venues des Balkans, de Tulza en sont les signes annonciateurs. Elles reprennent à leur compte les mêmes valeurs universelles, de la liberté, de l’égalité, de la démocratie, du pouvoir pour et par le peuple.
Ces valeurs prennent un nouveau contenu, celui d’une démocratie révolutionnaire pour construire une Europe des travailleurs et des peuples.
Cette révolution exige l’abrogation des traités qui régissent l’Union européenne, la zone euro et la BCE comme, par exemple, le traité de Lisbonne interdisant tout contrôle des mouvements de capitaux et toute aide à un État en difficulté. Il faut également abandonner Maastricht et le Pacte de stabilité et de croissance.
Elle mettra en place un processus constituant démocratique afin d’aboutir à un pacte de solidarité des peuples pour satisfaire les besoins sociaux et environnementaux.
7) Unifier nos exigences pour un programme d’urgence sociale, écologique et démocratique européen
Les bouleversements économiques qui ont transformé, ces dernières décennies, la vie des peuples à leur détriment pour le seul bénéfice de l’aristocratie financière ont créé les conditions des bouleversements révolutionnaires à venir. Les objectifs de ces bouleversements sont écrits au cœur même des mobilisations.
Le droit à une vie digne avec des salaires et des pensions décents par une autre répartition des richesses, en finir avec le chômage par la répartition du travail entre toutes et tous. La fin des privatisations et le développement des services publics pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux. Nous dénonçons le « traité transatlantique »en cours de négociations qui serait une attaque majeure contre les travailleurs d’Europe et des USA.
En finir avec les spéculations sur les finances publiques par l’annulation de la dette et la socialisation des banques en un monopole public bancaire. La monnaie serait mise au service de la transformation écologique et sociale dans le cadre d’une économie fondée sur les réponses aux besoins et non sur les profits. Une monnaie unique serait un atout si tous les membres de l’Union européenne ou plusieurs d’entre eux avançaient en ce sens mais, qu’elle s’appelle Euro ou non, une telle monnaie n’aurait rien à voir avec l’Euro actuel.
Ces exigences sociales se combinent avec des exigences démocratiques. Il n’y a pas de démocratie sans égalité des droits : égalité entre les femmes et les hommes, entre européens et étrangers hors la communauté européenne. Pas de démocratie sans solidarité avec les peuples du reste du monde. Nous voulons en finir avec la démocratie censurée par le régime présidentiel et la mainmise des banques sur les finances publiques, confisquée par les grands partis qui s’assurent leur monopole sur la vie politique. Les travailleurs et les peuples ont besoin de conquérir les droits et les moyens de décider de leur sort tant au niveau local que national et aussi Européen Cela passe par la construction d’une Europe démocratique, une fédération d’États démocratiques définissant à travers un processus constituant les moyens de leur coopération.
Un tel processus ne se fera pas sans affrontements sociaux et politiques majeurs où les classes dominantes utiliseront tous les moyens pour maintenir leurs privilèges.
8) Il ne s’agit pas de réformer leur Europe, mais de construire une autre Europe, celle des travailleurs et des peuples
Nous sommes en désaccord avec les partis de la gauche européenne (PGE) et, en France, le PCF et le PG (front de gauche) qui en sont membres qui prétendent pouvoir « refonder l’Europe » dans le cadre de ses institutions.
Seules de puissantes luttes salariales et populaires pourront venir à bout de la stratégie des classes dominantes. De telles mobilisations ne pourront déboucher que si au moins une fraction du mouvement ouvrier les prépare, les pense, les inscrit dans une stratégie globale au niveau du continent. Cette stratégie prend appui sur les exigences sociales, écologiques, démocratiques et politiques communes.
Leur mise en œuvre peut commencer dans un pays mais le processus ne pourra pas s’arrêter aux frontières nationales,
Un gouvernement anti-austérité arrivé au pouvoir en France prendrait des mesures immédiates : hausse des salaires et des retraites, interdiction des licenciements, socialisation des banques, contrôle des mouvements de capitaux, annulation de la dette. En matière monétaire, il n’aurait pas comme premier souci de créer une monnaie nouvelle mais prendrait toutes les mesures nécessaires à la défense des réformes radicales portées par les mobilisations.
Il refuserait le carcan des traités européens et des décisions de la Troïka (UE-BCE-FMI. BCE). Dans le même temps, il appellerait les autres peuples à se soulever pour construire ensemble une autre Europe
Il faudra un mouvement européen afin de faire naître une Europe des peuples organisée dans une fédération d’Etats socialistes, seule capable de transformer ses relations avec le reste du monde en reconnaissant aux peuples victimes des siècles de pillage économiques et écologiques, de domination sociale et politique ce qui leur est dû et en créant de nouveaux liens d’égalité.
Lettre du NPA aux organisations PC, PG, LO, Ensemble
CherEs camarades,
La situation politique au lendemain des élections municipales est marquée par une profonde dégradation du rapport de force au détriment du monde du travail et des classes populaires.
Le désaveu du gouvernement PS-Medef, le rejet des politiques d’austérité comme du pacte de responsabilité, l’inquiétude, voire le désespoir engendré par la continuelle aggravation du chômage et de la précarité nourrit, en l’absence d’une riposte des travailleurs, un terrain favorable à la montée des idées réactionnaires, de la droite et du FN.
Le remaniement ministériel opéré par Hollande ne change rien quant au fond. Ce nouveau gouvernement « de combat » dirigé par l’ex ministre de l’intérieur n’a d’autre objectif que de « garder le cap », de poursuivre la même politique entièrement dévouée aux intérêts du patronat, des banques et des classes privilégiées. Elle est un geste de plus à l’égard du patronat et de l’opinion réactionnaire.
La journée de manifestation du 12 avril représente une étape pour œuvrer à la construction de mobilisations d’ampleurs, d’un affrontement avec le gouvernement et le patronat pour inverser le cours des choses.
C’est dans ce contexte qu’interviennent les élections européennes. Lors de cette échéance, le NPA souhaiterait la constitution de listes unitaires avec toutes les forces politiques qui entendent se situer en opposition au gouvernement, à la droite et à l’extrême droite et rejettent toute forme de nationalisme ou de souverainisme.
Nous pensons qu’elles doivent être l’occasion d’avancer dans le même sens pour porter les exigences du monde du travail, se faire l’écho de ses luttes, résistances et aspirations pour faire entendre une politique clairement indépendante des partis de la majorité gouvernementale qu’ils participent ou non au gouvernement Valls. Elles peuvent être l’occasion d’avancer dans le sens de la construction d’une opposition de gauche, ouvrière et populaire, au gouvernement Valls-Hollande ; de faire entendre des voix en rupture avec les partis institutionnels, le PS et l’UMP, qui ont mis en place l’Europe du chômage et de l’austérité, l’Europe de la troïka, du TSCG initié par Sarkozy et mis en place par Hollande, des voix en rupture avec le monde des politiciens rejetés par l’abstention très souvent majoritaire dans les quartiers et les cités populaires, en rupture avec cette Europe qui menace les droits des femmes, flattent les préjugés racistes contre les Rroms et les immigrés.
Nous voulons rassembler celles et ceux qui refusent leur Europe forteresse qui dresse des barbelés contre ceux qui fuient la misère et les guerres dont les grandes puissances occidentales, la France en particulier, portent une lourde responsabilité, pour défendre la régularisation de tous les sans-papiers et le retrait des troupes françaises d’Afrique.
Nous voulons rassembler celles et ceux qui combattent les forces d’extrême-droite qui prétendent que le repli national, le nationalisme, la xénophobie puissent être une solution à la crise de l’Union européenne des capitalistes.
Nous voulons rassembler celles et ceux qui s’opposent aux diktats de l’Union Européenne. Pour contrer la finance et les multinationales dont les Etats et les gouvernements défendent les privilèges.
La crise de l’Union Européenne est liée à la crise du capitalisme. Elle ne se résoudra pas dans le cadre du repli national.
Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la convergence des luttes des peuples révoltés contre les politiques d’austérité, pour aboutir à un processus constituant permettant aux peuples de décider des modalités de leur coopération.
Cela suppose d’annuler la dette, cette rente scandaleuse que les Etats garantissent aux financiers en volant l’argent et les richesses produites par les salariés ; de créer un monopole public bancaire permettant de financer l’économie afin qu’elle permette de satisfaire les besoins matériels, écologiques, culturelles de la population ; d’en finir avec le chômage en partageant le travail existant entre toutes et tous ; de garantir un salaire et des pensions décentes.
Nous voulons nous rassembler contre les politiques d’austérité pour une autre Europe. Une Europe de la solidarité et de la coopération des travailleurs et des peuples. C’est la seule façon d’enrayer la régression sociale et politique provoquée par la politique de la gauche libérale en continuité de celle de la droite, c’est la seule façon de barrer la route à l’extrême-droite qui partout en Europe progresse et menace.
C’est pourquoi nous nous tournons à nouveau vers vous. Le NPA sera présent, en fonction de ces forces, dans cette bataille des élections européennes. Mais nous sommes disponibles à discuter des possibilités d’avancer ensemble. Le temps nous est compté, nous le savons, mais la gravité de la situation pour les travailleurs et les classes populaires exigent peut-être de nous que nous soyons en mesure de prendre ensemble des initiatives comme nous avons, pour la plupart d’entre nous, réussi à le faire pour la manifestation du 12 avril.
Le Conseil Politique National du NPA
Montreuil, le lundi 7 avril 2014
Résolution féministe
1. La crise et son impact sur les droits des femmes
Après l’élection de François Hollande et la mise en place d’un nouveau Ministère des Droits des Femmes, nous aurions pu penser que les revendications des féministes seraient un peu entendues : malgré quelques premières mesurettes (annonce du remboursement à 100% de l’IVG, de la contraception pour les jeunes femmes et promulgation d’une nouvelle loi sur le harcèlement sexuel), il n’en fut rien. L’abandon de la PMA, l’absence de moyens pour un véritable plan contre les violences faites aux femmes, les attaques qui se poursuivent contre les CIVG et les maternités, etc… montrent bien que ce gouvernement n’est absolument pas prêt à batailler pour les droits des femmes ni contre les réactionnaires ni pour financer les mesures nécessaires. Il a même eu le culot de défendre les reculs sociaux que sont l’ANI et la dernière contre-réforme des retraites au nom de l’égalité entre les femmes et les hommes.
La crise touche particulièrement les femmes, car elles sont souvent dans des situations sociales plus fragiles que les hommes. Dans ce contexte, les politiques d’austérité d’une part, et le retour d’un discours réactionnaire aggravent leur situation.
Ces deux aspects sont à étudier à l’échelle européenne, comme nous l’avons vu récemment avec les mobilisations pour défendre le droit à l’avortement en Espagne. Mais cela est vrai aussi dans beaucoup d’autres domaines : emploi, santé, attaques des services publics... c’est ce qu’avait dénoncé en 2012 la première campagne européenne des Femmes contre l’austérité.
La crise touche particulièrement l’emploi des femmes. En effet, moins payées, elles sont en général les premières à renoncer à l’emploi et à retourner au foyer ; mais surtout elles occupent majoritairement les temps partiels, avec des horaires décousus dans des secteurs tel que l’entretien, l’aide à la personne ou les temps périscolaires. La précarité se conjugue bien souvent au féminin et reste encore trop invisible.
Tout ceci à des conséquences à long terme sur leurs retraites. Cet aspect a été largement mis en avant dans la dernière mobilisation, montrant que le niveau de leur pension était bien inférieur à celui des hommes, rendant leur situation, surtout si elles sont seules, très difficile.
Enfin, la crise a encore d’autres conséquences concrètes sur la vie des femmes, qui sont bien souvent, celles sur qui repose les soins à la famille, aux enfants et aux plus âgé-e-s. C’est dans ces domaines que le manque de structures (crèches, maisons de retraite etc...) et de moyens pour les associations est le plus criant, la société se reposant de fait sur le travail non rémunéré des femmes.
Mais de nombreuses résistances se sont organisées y compris dans une période récente, face à la crise et aux politiques d’austérité : des salariées de la Redoute, aux employées de l’agro-alimentaire en Bretagne, des sage-femmes aux salariéES des hôtels, leurs luttes se multiplient, et restent pourtant bien trop souvent invisibles, y compris dans nos rangs.
2. Les attaques sur les services publics
Les politiques d’austérité ont comme premier ennemi les services publics, jugés trop chers et inutiles. Ces politiques ont un effet double sur les salaires et les conditions de vie des femmes.
D’abord, parce que les femmes sont majoritaires parmi les salariées de ces services publics, dans la santé, l’éducation notamment. Les suppressions de postes, le gel des salaires, les impacts de la réforme des rythmes scolaires les touchent particulièrement.
En tant qu’usagères les effets se sont ressentir :
-dans la santé : fermetures de maternités et de centres IVG, fermetures et regroupements de services liés à la T2A
-dans l’éducation : réforme des rythmes scolaires qui oblige les mères de famille à ajuster leurs horaires
Sur ces terrains, des mobilisations s’organisent, victorieuses comme à Tenon, mais de manière générale trop faibles par rapport à l’ampleur des attaques et des régressions en cours.
C’est sur ce terreau d’attaques que poussent les discours autour du retour au foyer des femmes, leur place “naturelle”, et du salaire maternel défendue par le FN notamment, mais qui peut avoir une certaine popularité dans des milieux y compris écolos radicaux qui se reconnaissent dans le retour à la terre, l’anticonsumérisme poussé à l’extrême, pro-allaitement etc..
3. La montée des idées réactionnaires
Popularisées par la séquence autour du mariage pour tou-te-s, le retour en force des idées réactionnaires et morales à un niveau jamais atteint depuis des décennies nous interroge sur la faiblesse de nos réponses.
Ces mobilisations, leur relative popularité, la propagation, et la libération de la parole ont pris une ampleur que nous n’attendions pas. Pourtant l’homophobie, le sexisme de la société française est dénoncé depuis longtemps par les associations féministes et LGBTI notamment.
Les confusions entretenues par certains autour de la pseudo « théorie du genre » ont fait tomber certaines barrières idéologiques, les discours réacs et sexistes se développent, remettant clairement en cause le principe d’égalité des droits, niant le sexisme et les discriminations que les femmes subissent, leur refusant le droit de définir par elles-mêmes leur oppression.
4. Perspectives
A court terme, nous devons intégrer la dimension féministe dans notre campagne européenne. Il nous semble important qu’un des axes de notre campagne défende ces revendications féministes, puisque les attaques ont elles aussi lieu au niveau européen: PMA pour toutes, avortement et contraception gratuits libres et accessibles partout en Europe, éducation non sexiste, des services publics de qualité à hauteur des besoins (place en crèches notamment, hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violence et les ados en rupture familiale, création d’un service public du 4ème âge...)
De plus cette situation nous pose, à l’échelle française au moins, la question de la reconstruction d’un mouvement féministe unitaire et fort. Des premières bases ont jetées, autour des manifestations du 1er février notamment, mais l’éclatement créé par le CNDF reste un danger.
Les questions stratégiques de front unique et de construction d’un féminisme de terrain acquièrent une actualité brûlante car nous assistons à une remontée des idées féministes et de l’engagement féministe, d’un point de vue quantitatif et qualitatif. Ces derniers mois, nous avons vu le retour de manifestations de masse sur les questions féministes (40.000 personnes le 1er février pour le droit à l’IVG), et pour le 8 mars, nous avons vu à Paris environ 7000 personnes toutes manifestations confondues, ce qui représente plus du double de ce qu’on pouvait voir les années précédentes. De nombreuses jeunes femmes se tournent vers nous pour parler féminisme, nous voyons arriver des dizaines de contacts en manifs, en formation-débats, comme en réunions publiques sur les universités sur les questions féministes. Il faut prendre la mesure de cette dynamique et s’y investir à la hauteur qu’elle mérite.
Il est urgent de reconstruire un front large, dans l’objectif de combattre la politique économique et sociale de ce gouvernement, de regagner des droits démocratiques pour toutes les femmes (droit à l’IVG, à la contraception, contre les discriminations et les violences...), qui lutte pour l’égalité réelle de toutes les femmes quel que soit leur origine (droit au logement, accès à la santé, à la culture et aux loisirs, implication associative et politique), c’est à dire pour les anticapitaliste que nous sommes, redonner vie à un féminisme lutte de classe.
5. Des débats qui traversent le mouvement féministe et le NPA
5.1 GPA :
Nous nous opposons à la GPA marchande en tant que marchandisation du corps des femmes, d’autant plus que, dans le système capitaliste, les formes non marchandes de la GPA ne peuvent être qu’extrêmement limitées.
Cela ne nous empêche pas de défendre les droits des enfants issus de GPA et notamment leur inscription à l’état civil pour éviter qu’ils/elles ne soient apatrides ou clandestins.
Le débat reste ouvert sur la possibilité d’une GPA véritablement altruiste, qui ne paraît possible que sur le modèle du don d’organes entre proches, d’un point de vue féministe.
5.2. OPPRESSION DES FEMMES ET RELIGION :
La question et nos débats sur le lien entre oppression et religion sont réactivés dans un contexte de montée des idées réactionnaires et actes racistes qui ne concernent pas que la question de l’oppression des femmes, même si ces débats sont particulièrement aigus pour notre orientation féministe. En effet, l’oppression que subissent les femmes en tant que femmes s’articule et se conjugue avec d’autres : oppression raciste, oppression liée à l’orientation sexuelle, au handicap, etc.
Nous menons une lutte sans concession contre tous les intégrismes. Nous dénonçons en général toute approche réactionnaire, patriarcale, misogyne, homophobe et raciste, qu’elle soit légitimée par des discours religieux ou non et nous réaffirmons que la laïcité conçue comme séparation des pouvoirs et garantissant la liberté de conscience est le cadre général que nous défendons.
Nous combattons toutes les discriminations et agressions dont sont victimes les femmes, notamment les femmes musulmanes et les femmes immigrées, victimes d’une double discrimination. Nous dénonçons également les discours islamophobes d’où qu’ils viennent (droite, extrême droite mais aussi malheureusement à gauche) parce qu’ils instrumentalisent la lutte féministe et véhiculent des idées racistes qui divisent les opprimé-e-s.
La stigmatisation et l’exclusion du travail et des espaces de sociabilisation des femmes voilées ne peuvent constituer des options féministes.
Nous refusons toutes les mesures racistes et discriminatoires, et revendiquons donc l’abrogation ou l’abandon de toutes les lois, circulaires, et projets de lois de stigmatisation et d’exclusion des musulmanes : loi interdisant le port du voile à l’école, loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public (visant le niqab et la burqa) , interdictions aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires, d’exercer dans les services publics, interdiction des signes religieux au domicile des assistantes maternelles, interdiction du port du voile dans les entreprises privées assurant des missions de service public (crèches notamment…)...
5.3. PROSTITUTION :
Dans un contexte de capitalisme mondialisé, nous considérons que la prostitution constitue la forme extrême de la rencontre entre le patriarcat et le capitalisme.
De manière immédiate, il s’agit de s’attaquer aux bases matérielles de la prostitution. Nous revendiquons la mise en place de moyens humains et matériels pour permettre à celles et ceux qui veulent sortir du système prostitutionnel de pouvoir le faire. Nous nous battons également contre toutes les formes de répressions et de criminalisation des personnes prostituées.
L’achat et la vente du corps humain à des fins sexuelles est contradictoires avec les valeurs d’émancipation humaine que nous défendons.
Nous défendons notamment plusieurs axes et mesures concrètes :
• La suppression de toutes les mesures répressives à l’encontre des prostituées (en particulier les délits de racolage passif et actif)
• La mise en place de tous les moyens sociaux et financiers nécessaires afin de garantir la protection, l’accompagnement et la réinsertion sociale et professionnelle des prostituées y compris étrangères
• La régularisation de tout-e-s les sans-papiers et donc des prostituées sans papiers sans conditions de sortie de l’activité
• Une formation spécifique pour l’ensemble des personnes qui assureront ce travail d’accompagnement, de protection et de réinsertion
• Le renforcement de la lutte contre le proxénétisme et les réseaux internationaux de prostitution
• Une politique ambitieuse d’éducation à une sexualité libre et respectueuse de l’autre, contre le sexisme et pour l’égalité entre les femmes et les hommes
• L’accès aux droits sociaux pour tou-te-s : logement, santé, transports gratuits, énergie, eau…
• Le droit à l’emploi pour tou-te-s (notamment par une réduction massive du temps de travail)
• L’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes
• Le changement d’état civil pour les trans sur simple demande
Seule une politique volontariste qui applique simultanément l’ensemble de ces différents points pourra sur le long terme produire des résultats.
a - Organisations et termes employés :
L’un des objectifs du NPA est l’émancipation humaine. Face au phénomène de la prostitution, il ne peut adopter qu’une position qui vise à l’abolition de la prostitution dans son ensemble. En effet :
- la prostitution est une des formes de violence les plus achevées des rapports de domination et d’oppression et repose sur une conception de la sexualité où la femme est conçue comme objet au service de la sexualité des hommes.
- la prostitution dans le cadre du capitalisme mondialisé s’appuie sur un réseau mondial maffieux qui exploite la misère des femmes en particulier celles des pays pauvres ; on peut aujourd’hui parler de traite comme en ce qui concerne l’esclavage. Ce trafic d’êtres humains constitue la plus grande partie du système prostitutionnel et génère des « bénéfices » qui se chiffrent en milliards de dollars.
L’abolitionnisme est un terme politique et revendicatif qui se veut de lutter contre le système prostitutionnel en s’attaquant à ses causes (notamment la précarité, le capitalisme et le patriarcat). Nous refusons de l’abandonner aux prohibitionnistes. En effet, l’abolition de la prostitution s’oppose à la répression des prostituées et n’implique pas forcément la pénalisation des clients. Cette politique s’oppose tant aux courants réglementaristes que prohibitionnistes, tous deux au service du patriarcat. Nous devons donc nous réapproprier ce terme pour défendre une réelle politique abolitionniste, clairement anticapitaliste, antiraciste et féministe.
Pour ces raisons fondamentales, la prostitution ne peut être considérée comme un travail comme un autre et nous nous opposons radicalement aux courants qui défendent cette position, et qui servent in fine l’option capitaliste et non la cause des prostituées. Nous ne pouvons donc reconnaitre le terme «travailleur/euses du sexe», cette dénomination tendant à reconnaître la prostitution comme un travail et non comme une violence.
b - Analyse de la loi «renforçant la lutte contre le système prostitutionnel» proposée par le gouvernement
La loi proposée implique que les prostituées sans-papiers suivant un parcours de sortie de prostitution obtiennent un titre de séjour temporaire de 6 mois renouvelable seulement pendant la durée dudit parcours, et seulement en échange de leur sortie de la prostitution. Ainsi, si elles sont reprises en situation de prostitution, elles redeviennent expulsables. Cette seule condition, qui fait l’impasse sur les conditions de vie réelles de ces personnes et pose en pratique la prostitution comme un délit à punir, suffirait d’elle-même à empêcher tout soutien à la loi actuellement présentée.
De plus, nous refusons que les associations de soutien aux personnes en situation de prostitution soient utilisées comme agents de contrôle et de répression sur ces personnes comme l’établirait la proposition de loi actuellement examinée.
A l’heure actuelle, l’abrogation du délit de racolage, auquel s’oppose le ministère de l’Intérieur, n’est toujours pas garanti. Enfin, la loi maintient une définition du proxénétisme qui ne porte pas exclusivement sur le fait de tirer un bénéfice de la prostitution d’une personne, mais même de l’aider ou de la protéger, définition qui rend très difficile le travail des associations de terrain.
La loi votée a un aspect positif : la reconnaissance de la prostitution comme une violence faite aux femmes.
L’abrogation du délit de racolage et la mise en place d’une aide financière pour les personnes désirant sortir de la prostitution pourraient être des avancées. Mais parce qu’elle reste dans le cadre du social libéralisme, cette loi ne s’attaque pas aux causes de la prostitution : rien de nouveau pour lutter contre la traite qui supposerait une lutte résolue contre les paradis fiscaux, le blanchiment d’ argent etc ; rien non plus pour lutter contre la précarité et la pauvreté, pourtant une des causes principales de l’entrée dans la prostitution ; des moyens matériels et humains dérisoires pour accompagner la sortie de la prostitution. Pour toutes ces raisons nous ne pouvons soutenir cette loi dont la mesure « phare », la pénalisation du client, risque d’avoir des effets pervers et contre productifs pour les personnes prostituées ; cette mesure cache mal l’insuffisance des autres aspects si l’objectif est d’abolir la prostitution et non de la rendre invisible.
Nous considérons que dans la lutte pour la disparition de la prostitution, les revendications à mettre prioritairement en avant sont la régularisation de tou-te-s les sans-papiers, l’accès aux droits sociaux, l’allocation d’autonomie des jeunes et la hausse des minimas sociaux, ainsi que la facilitation du changement d’état civil pour les trans.
Nous ne pouvons donc soutenir cette loi qui, dans une approche sécuritaire d’un problème en réalité social et sociétal, pourrait à terme accroître le contrôle des prostituées, en particulier étrangères, et à détériorer leur situation.
c - Sur la pénalisation des clients en particulier
Dans la société capitaliste et patriarcale actuelle, nous refusons l’option de la pénalisation des clients.
Nous ne soutenons en aucun cas un quelconque «droit» à des services sexuels. Cependant, une analyse concrète de la situation des prostituées nous amène à estimer que la pénalisation des clients, en poussant les prostituées à la clandestinité, les rendrait plus vulnérables aux violences des clients et de la police, les éloignerait des associations de soutien, et dégraderait leur capacité à s’organiser collectivement et à imposer des règles comme le port du préservatif.