1- Le pouvoir est confronté à une crise politique profonde dont on ne voit pas comment il pourrait sortir. Face à un mécontentement croissant du monde du travail et des classes populaires, un rejet qui s'était exprimé lors des dernières échéances municipales et européennes et n’a cessé de grandir, Hollande a pratiqué la fuite en avant avec l'accélération des attaques sous le premier gouvernement Valls, dressant contre lui une partie de sa propre majorité. Au lieu de tenter de se la concilier Valls a préféré « démissionner », trois ministres discutant sa politique économique, et remanier tout en gardant le cap d'une politique totalement soumise aux exigences du patronat et des banques. Il a multiplié les gestes d’allégeance au patronat. Il n'a fait ainsi qu'accentuer la crise qui prend l'allure d'une pantalonnade avec l'étalage des aventures personnelles de François Hollande totalement discrédité aux yeux de l'opinion. Le vote de la confiance montre que le gouvernement Valls ne dispose plus d'une majorité absolue au parlement. Il est exsangue, désormais en sursis.
La source de la crise politique, c'est la crise économique qui se poursuit. Pour y trouver une réponse au profit des capitalistes, les gouvernements successifs mènent une offensive détruit brutalement les conditions de travail et de vie de millions de gens. Les effets de Ces politiques sont largement rejetées, plongeant les partis qui les mènent dans la crise.
D’autant que cette offensive s'accompagne d'une fuite en avant dans les projets inutiles, productivistes, destructeurs d’emplois et de l’environnement mais sources de profits importants pour des grands groupes capitalistes. Et d'une fuite en avant répressive contre les mobilisations : 22 février à Nantes/NDDL et fin août ZAD duTestet, Palestine (interdiction des manifestations, procès BDS), intermittentEs avec le procès de Rodez, militantEs de la Confédération Paysanne /1000 vaches et des dizaines de militantEs syndicaux...)
Hollande-Valls appliquent la tactique du « ça passe ou ça casse » en utilisant ou en menaçant d'utiliser les expédients législatifs de la Vème République (ordonnances ou 49-3). Ils brandissent la menace du FN et la crainte de la dissolution de l’Assemblée nationale pour tenter de garder une majorité bien incertaine.
La crise de l'UMP est le pendant de celle du PS. Rattrapée par les affaires de corruption, ravagée par la guerre des chefs, tiraillée entre une option de droite autoritaire autour du FN et une option plus « centriste », l'UMP est profondément fragilisée, même si le « retour » de Sarkozy pourrait le masquer pour un temps. Même si Hollande se maintient au pouvoir grâce aux institutions de la Vème République, le régime présidentiel comme le bi-partisme sont sérieusement minés.
2- La situation est instable, la crise profondedu PS et l'absence d'activité propre, nationale, de la classe ouvrière laissent le champ libre à la droite et au FN, ce dernier étant donné en tête au premier tour de la présidentielle quel que soit le cas de figure. Le positionnement de Marine Le Pen se disant prête « à assumer toutes les responsabilités que le peuple (lui) confiera », y compris dans un gouvernement de cohabitation, ne doit pas nous surprendre. Loin d’être « anti-système » le FN n’aspire qu’à accéder au pouvoir pour, comme ses nouveaux maires qui excluent des cantines les enfants des familles qui ne peuvent pas payer et étranglent les centres sociaux, mener une politique encore plus hostile aux pauvres, aux travailleurs, aux classes populaires. Fraude aux frais de campagne, clientélisme, autoritarisme, tentative d'augmentation de leurs indemnités, ses élus se comportent de façon encore plus cynique que ceux qu'ils dénoncent au PS ou à l'UMP. Il n'aspire qu'à gérer le capitalisme mais sa venue au pouvoir représenterait un recul considérable, un saut qualitatif dans l'offensive contre les classes populaires et la démocratie. L’hypothèse qu'il soit au deuxième tour de la présidentielle, voire qu'il puisse l'emporter, résonne comme un avertissement, une alerte. La situation est lourde de dangers. La droite et l’extrême-droite sont en mesure de tenter d’accentuer la crise politique par des mobilisations de rue comme elles l’ont fait au printemps 2013.
L'unité la plus large est nécessaire contre le FN, pour s'opposer à ses militants et démontrer que ce parti est dangereux pour le mouvement ouvrier et la démocratie. Ainsi, nous participons à la mobilisation contre le congrès du FN à Lyon. Mais pour faire reculer le FN il faut un changement de rapport de force et la reconstruction d'un projet émancipateur.
La situation est cependant ouverte, les mobilisations à la SNCF et, chez les intermittents, ont marqué la fin d'une première phase du quinquennat : des mobilisations nationales du monde du travail sont possibles contre ce gouvernement, elles le mettent rapidement en difficulté. D'autant qu'elles se sont déroulées dans la même période que la mobilisation contre l'aéroport de NDDL et la manifstation du 12 avril. D'autres mobilisations, pour la défense de l’IVG en solidarité avec les femmes d’Espagne, pour le mariage pour touTEs ou contre les « grands projets inutiles » montrent que la situation peut nous ouvrir des possibilités et connaître bien des rebondissements inattendus dont un sursaut du monde du travail et de la jeunesse. Nous préparer à cette éventualité, y aider nous impose de prendre la mesure de la brusque accélération de la crise politique et des bouleversements qu’elle provoque pour formuler notre politique, nous donner les moyens de la mettre en œuvre.
3- La crise globale que nous connaissons, expression des tensions entre les classes, ne pourra se résorber à travers une reprise économique, une hypothétique croissance. Le contexte mondial, en particulier européen, indique que nous allons au mieux vers une stagnation, même si les situations ne sont pas homogènes, voire vers un nouvel épisode de la crise économique. La croissance au 2ème trimestre a été nulle dans l’ensemble de la zone Euro et négative en Allemagne et en Italie (- 0,2 % dans les deux pays). L’Europe est le maillon faible de l’économie mondiale. La politique de baisse de l'Euro et des taux d'intérêt annoncée par la BCE vise à conjurer le risque de déflation.
Le discours économique de Hollande-Valls est déconsidéré. La progression du Produit intérieur brut a été nulle au 1er et 2ème trimestre 2014, la croissance prévue sur l'année est divisée de moitié (de 1 % à 0,5 %). L’investissement des entreprises est en berne. Malgré les 50 milliards d’économies, le déficit budgétaire sera de 4,4 % et l'objectif des 3 % est désormais repoussé à 2017… On assiste à la dégradation de tous les indicateurs : chômage, inégalités, accès au logement… Et en même temps augmentation des dividendes, des revenus des patrons et actionnaires…
La politique du gouvernement ne vise qu’à répondre aux besoins des capitalistes dans leur concurrence mondiale. Il s'agit de restaurer les taux de profit, de combler leur retard en matière de compétitivité, donc servir les actionnaires, réaliser un énorme transfert de richesses de la poche des salariés et de la population dans les coffres des banques. Tout ceci exige une baisse drastique des salaires, la destruction des droits des salariéEs (code du travail, droits syndicaux, durée du travail…). La protection sociale est particulièrement visée à la fois en tant que partie du salaire à faire baisser, en tant que (relative) sécurisation sociale à détruire et parce qu'elle est source possible de profits. Le pire est que cette politique ne fait qu'accélérer encore la crise ! Le gouvernement Hollande agit sous l'impulsion de la Commission européenne, en accord sur le fond avec elle, qui vient de lui demander de prendre « des mesures crédibles », afin de réduire le déficit budgétaire en 2015. Pour les fonctionnaires, ça signifie encore plus d'austérité, de suppressions de postes... Le cap des 50 milliards d'économies prévues jusqu'en 2017 est confirmé – à commencer par les 21 milliards pour 2015. Il est même annoncé une nouvelle coupe de 2 milliards, qui se soldera probablement par de nouvelles mesures « douloureuses », sans doute dans la Santé.
Chaque nouvelle concession est suivie de nouvelles exigences de la part du MEDEF. Invoquant la promesse mensongère de créer 1 million d’emplois, il ose avancer une série de propositions toutes plus provocatrices les unes que les autres : suppression de 2 jours fériés sur les 11 existants, dérogation au salaire minimum, suppression de la notion de durée légale du travail pour notamment repousser le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, remontée des seuils sociaux, possibilités étendues du travail le soir et le dimanche, création d’un CDI à durée... limitée à un projet, renforcement du contrôle des chômeur/euses et bien sur la suppression de taxes comme celle sur les transactions financières. Loin de proposer les contreparties au pacte de responsabilité, le patronat tente, en s’appuyant sur le gouvernement, d’imposer de nouveaux reculs aux salariés.
4- L'exacerbation de la concurrence à l’échelle mondiale s’accompagne de tensions de plus en plus fortes entre les grandes puissances et les peuples, entre les grandes puissances elles-mêmes. Ces tensions sont la conséquence de l’offensive globale menée par les classes dominantes et les États contre les travailleurs et les peuples. La guerre menée par Israël contre le peuple palestinien, comme celle menée par le régime syrien contre son propre peuple, s’inscrit dans cette criminelle logique militariste de classes dominantes incapables d’apporter des réponses démocratiques et sociales aux drames et crises que leur propre politique a engendrés.
Le développement de courants religieux et terroristes multipliant les atrocités contre la population et les minorités religieuses est le produit de cette offensive et particulièrement au Moyen-Orient des deux guerres et des années d’occupation par la coalition des grandes puissances qui ont mis l’Irak à feu et à sang. De même la politique de Poutine a joué de la Tchétchénie à la Syrie. Ces courants se développent aussi au Nigeria et ailleurs au sein de l'Afrique subsaharienne produit du cocktail détonnant des politiques néolibérales et des interventions impérialistes.
C’est aussi la logique de rivalités et de concurrence entre les grandes puissances qui a conduit à la guerre en Ukraine.
Le choix du gouvernement français de s’aligner sur la politique des USA en Palestine et en Irak, sa volonté de postuler au rôle de gendarme du monde dans le cadre de l’Otan en Afrique comme au Moyen Orient, l'augmentation de 40 % des ventes d'armes par la France, ou encore le rapport Védrine sur l'Afrique illustrent le développement de la politique guerrière d'Hollande. Les troupes françaises doivent être retirées de la région !
Comment peut-on attendre de l'intervention des grandes puissances occidentales qu'elle puisse venir à bout des monstres qu'elles ont elles-mêmes engendrées, elles et leurs alliés d'Arabie saoudite, du Qatar ou des Émirats arabes unis. L'intervention impérialiste ne peut qu'aggraver la chaos.
Notre solidarité concrète doit aller à toutes les forces démocratiques en Syrie et en Irak ainsi qu’aux Kurdes et aux populations, aux travailleurs qui résistent à cette terreur. Ce sont les forces locales démocratiques qui se battent contre l'EI et le sectarisme confessionnel qu'il faudrait fournir en armes. Mais il n'en est pas question pour la coalition qui n'a d'autre but que de maintenir la domination des USA et de leurs alliés sur la région. Plutôt que d'engager une nouvelle intervention impérialiste, d'engloutir des milliards dans de nouvelles aventures militaires l'Union Européenne et la France devraient secourir les deux millions de personnes déplacées qui fuient les massacres et cherchent asile et protection, en particulier en leurs ouvrant leurs frontières.
L'exacerbation des tensions internationales, des conflits militaires viennent souligner à quel point la capitalisme et la paix, la concurrence et la coopération des peuples sont antagonistes.
5 - Face à la brutalité des attaques qu'il met en œuvre et justifie, l'appareil social-libéral tend à se disloquer. La chute électorale, la perte d’adhérentEs et le discrédit grandissant du PS accélèrent les divisions internes, mais elles ne débouchent pas sur des courants de gauche. Les ministres démissionnaires ont fait le sale boulot avant de tenter de se démarquer du naufrage. Début juillet, les députés "frondeurs" (comme les radicaux de gauche et la majorité d’EE-LV) ont voté, à une exception, pour le projet de loi de finances rectificative pour 2014, qui met en place la première partie du pacte de responsabilité. En avril, ils s'étaient contentés de s’abstenir sur le vote du plan d'économies de 50 milliards d'euros pour 2015-2017. Cela n’exclut pas que des militantEs socialistes s’engagent dans des mobilisations contre l’austérité.
EE-LV est divisé en trois courants allant d’une alliance avec le centre à des militantEs proches de l’écologie radicale, mais le centre de gravité autour de Duflot reste PS compatible.
Du côté du Front de Gauche, la rupture entre l'appareil du PC et celui du PG est consommée, même si elle n’est pas actée officiellement.Dans la suite des alliances avec le PS pour les élections municipales dans les principales villes, le PC poursuit les discussions en vue des élections sénatoriales. « Majorité parlementaire alternative », « Front du peuple », il cible contre le gouvernment Valls, il mise sur une union de la gauche avec les « frondeurs » voire avec EE-LV dans la seul perspective d'un gouvernement qui ne sortirait pas de l'orientation sociale-libérale. Inévitablement, cette alliance ne peut se faire qu'aux conditions de ces derniers- EE-LV vient encore de réaffirmer son refus de se situer « dans l'opposition ». Au nom d'une éventuelle « majorité parlementaire l'alternative », c'est le refus de se situer en rupture nette et claire avec le gouvernement PS-MEDEF .
Mélenchon, lui, se libère du Front de gauche, de sa « famille politique en débandade totale » pour prétendre « fédérer le peuple » dans la perspective de la VIème République. Son projet est centré autour de son ambition personnelle pour tenter de s’imposer en 2017, ce qui est totalement contradictoire avec le nécessaire combat démocratique, contre les institutions de la Vème république, son hyper président. Il exprime cependant une réalité qu’il nous faut aussi prendre en compte, le discrédit de la gauche.
La fronde parlementaire reflète le rejet du gouvernement par les masses. Si elle est un élément positif car elle fragilise un peu plus le gouvernement, elle ne répond en rien aux besoins pour pour mettre en échec sa politique, changer le rapport de force. C’est bien pourtant là l’urgence pour arrêter les attaques contre le monde du travail et les classes populaires et endiguer la poussée à droite et à l'extrême droite.
Nous voulons poursuivre le débat, développer nos réponses en direction des différentes composantes du Front de gauche, auprès de toutes celles et ceux qui avaient vu dans le FG un espoir à la gauche du PS. Cette discussion a pour pendant les discussions que nous menons au sein de nos organisations syndicales ou associations, sur nos lieux de travail ou d’habitation sur les voies et moyens d’organiser la riposte à l’offensive du patronat et du gouvernement.
6 -Face à l'offensive sociale et politique menée par le PS, le mouvement ouvrier est désarmé.
Les directions de la plupart des organisations syndicales ne veulent en aucun cas se situer en opposition au gouvernement, offrir une perspective au mécontentement. De plus, jusqu’à début décembre, les directions syndicales vont concentrer leurs efforts sur lesélections professionnelles dans les fonctions publiques (hospitalière, territoriale et d’Etat) A cela s’ajoute un certain attentisme, voire un certain défaitisme, chez les salarié-e-s en particulier du privé, y compris dans les équipes militantes.
Elles ne veulent pas une mobilisation d'ensemble du monde du travail, une explosion sociale et démocratique, un affrontement avec le patronat et l’État.
Ainsi, depuis deux ans, se sont accumulés les nouveaux reculs, avec les défaites de la mobilisation contre la réforme des rythmes scolaires, des cheminots, des intermittents. Mais ces mobilisations ont aussi montré les limites de la politique des directions syndicales : lorsqu'elles sont obligées de mobiliser sans le souhaiter vraiment, elles laissent un espace pour la construction de mouvements radicaux et auto-organisés. Ainsi, dans le mouvement des cheminots, d'importants secteurs, quoiqu'insuffisants, ont poussé les directions syndicales à aller plus loin qu'elles ne le voulaient. à aller plus loin qu'elles ne le voulaient : la grève a duré plus d'une semaine alors que les directions syndicales avaient prévu trois jours de grève. Elle ont cependant mis leurs forces pour freiner puis arrêter la grève reconductible, dénonçant le NPA et et les débuts d'auto-organisation. Même si elle n'a pu l'assumer dans le mouvement, la direction de la CGT a aussi joué à plein le « dialogue social » avec le gouvernement, autour des amendements Chassaigne, refusant un affrontement central avec le gouvernement.
En interne des syndicats, la politique des directions fait de plus en plus grincer des dents, en particulier dans la CGT et la FSU. Ainsi, le soutien ouvert de la direction du SNUIPP-FSU à la réforme des rythmes scolaires a abouti à une quasi-scission au sein d'« Unité et Action », selon un processus assez proche de celui qui touche le PS. De même le rejet de la politique de Hollande-Valls répercuté au sein de l'appareil CGT a obligé sa direction à quitter le sommet social de juillet, à esquisser une rupture avec ce gouvernement, certes limitée et timorée. Le combat pour l'unité, pour la rupture avec Valls-Hollande n'a rien de formel : il peut atteindre son but. A l’occasion de la marche du 12 avril, certaines fédérations CGT ont franchi le pas d’appeler à manifester contre l’avis de la confédération.
Notre présence dans les mobilisations, tout particulièrement ces dernières semaines, en solidarité avec la résistance palestinienne, nous a permis de retrouver, après la séquence difficile des européennes, une certaine place et utilité politique aux yeux tant de nous-même que de secteurs militants.
Nous voulons rassembler celles et ceux qui s’opposent à l’austérité, à la destruction des services publics, des droits sociaux et des droits des femmes et des LGBTI, qui s'opposent aux grands projets inutiles, imposés et destructeurs, unir les résistances, les faire converger pour faire céder le gouvernement et le patronat. Pour cela il y a besoin à la fois de construire des luttes actives donc auto-organisées et de rassembler toutes celles et tous ceux qui veulent s’opposer, à gauche, à la politique du gouvernement, sur des objectifs et des revendications concrètes.
Il est impossible de dire quel sera le facteur déclenchant, celui qui sera perçu comme l'affront de trop tant le gouvernement et le patronat multiplient les attaques. En tout état de cause, Le vote du budget (mi-novembre) concentrera la politique d'austérité et de destruction de la sécurité sociale. Nous défendons la proposition d'une mobilisation nationale pour censurer dans la rue le gouvernement et son budget.
La CGT appelle finalement à une journée de mobilisation interprofessionnelle qu'elle veut intersyndicale le jeudi 16 octobre alors qu'elle se contentait dans un premier temps de n'envisager qu' « Une journée nationale d’action interprofessionnelle début 2015 sur les thématiques salaires, industrie et service public dont les formes sont à travailler. »
Des points d'appui existent pour en faire autre chose qu'une journée d'action sans lendemain.
Le 23 Septembre aura lieu à Paris la 2ème initiative nationale de la "Convergence des luttes contre l'Hôstérité", qui doit marquer une nouvelle progression dans la construction d'un mouvement national à partir des luttes dans les établissements hospitaliers qui restent pour l'instant dispersées. Le 23 pose non seulement la question du refus de l'austérité dans la santé, mais celle d'une action interprofessionnelle contre le pacte de responsabilité et la destruction de la Sécu. Il se situe dans la perspective d'un mouvement vers une grève reconductible de l'ensemble du secteur de la santé, et d'une action interprofessionnelle pour mettre en échec le "pacte" et l'austérité. Elle doit être une étape réussie dans un mouvement ascendant.
Le premier octobre l'accord Unedic signé le 26 juin s'appliquera a l'ensemble des salarié-e-s. La coordination des précaires et intermittents appelle a la grève et la mobilisation ce jour là. Il y a un enjeu à élargir le mouvement au delà des intermittents. La bataille doit être menée dans les organisations syndicales pour faire entendre à une large échelle les conséquences de la réforme de l'assurance chômage.
Le 16 octobre les fédérations CGT des organismes sociaux et celle de la santé ont initié une journée de mobilisation contre le projet de loi de financement de la sécurité sociale. La confédération a intégré cette problématique mais les modalités de mobilisation restent floues et sont symptomatiques de l'absence de volonté de construire cette échéance qui pourrait être une date de convergence des secteurs en lutte et d'élargissement des mobilisations.
Dans les différents secteurs mobilisés (Chômeurs/euses, précaires, intermittents ; SNCF...) les luttes ont fait apparaître de nouvelles générations, elles montrent concrètement les possibilités de résistances et de combativité et cherchent les convergences et la création de réseaux militants.
Toute une offensive est en cours contre le statut des fonctionnaires, en première ligne suite à la politique des réformes de structures et le réforme territoriale. D'ores et déjà, le décret Hamon, publié en août, est un premier pas vers le démantèlement du statut de 1950.
Selon la méthode du dialogue social, une négociation Etat-syndicats est en cours. Le NPA est évidemment opposé à de telles discussions et multiplie les initiatives pour les mettre en échec
La marche du 12 avril a été une étape dans la réaction unitaire contre l'austérité du gouvernement et contre la menace de l'extrême-droite. Elle a permis de faire avancer concrètement une convergence politique, syndicale, sociale et de secteurs mobilisés. A la rentrée, sont en discussion un nouveau texte d’appel, des mesures d’urgence anti-austérité et l’organisation de la mobilisation autour du budget. Ce cadre unitaire est un point d'appui, qui doit s'élargir, s'ancrer localement, prendre des initiatives. Nous nous y investissons nationalement et dans les villes et régions pour construire un cadre militant unitaire utile pour mobiliser.
Tous ces éléments doivent contribuer à la construction d'une mobilisation de l'ensemble du monde du travail. Le 16 octobre peut constituer une première échéance. Cela suppose que les différents secteurs syndicaux, Solidaires, les fédérations, UD et syndicats CGT qui refusent l'inaction confédérale... s'en emparent.
Cela suppose aussi que cette première journée s'inscrive dans un plan visant à construire une mobilisation d'ensemble en fédérant les secteurs, organisations politiques, syndicales, associatives qui se donnent comme objectif de « censurer » le budget et le gouvernement.
Les axes centraux de cette intervention sont la centralisation des luttes sectorielles pour s'opposer au budget d'austérité, au Pacte de responsabilité, aux licenciements et au chômage. Donner confiance, contribuer à structurer les oppositions syndicales contre la politique du gouvernement fait partie de cette bataille. Sur le plan politique, nous expliquons que notre but n'est pas de changer tel ou tel ministre, voire tel Premier ministre, mais de dégager Hollande et Valls. On peut envisager des appels spécifiques comme cela a été fait le 12 avril à une petite échelle avec l'appel antiproductiviste.
Il s'agit pour le NPA d'une proposition que nous déclinons comme campagne politique de notre parti et comme perspective concrète unitaire dans nos différents secteurs d'intervention.
7- Dans la foulée de la réussite du rassemblement à Notre-Dame-des-Landes les 5 et 6 juillet, les luttes contre les GPII (barrage du Sivens sur la zone humide du Testet dans le Tarn, Alternatiba Gonesse les 20-21 septembre...), contre le nucléaire (11 octobre) ou contre les gaz de schiste (11 octobre) ; la mobilisation à l'occasion du procès des militantEs de la Confédération Paysanne suite à l'action contre la ferme-usine des 1000 vaches le 28 octobre à Amiens ont elles aussi toutes la caractéristique de s'affronter au gouvernement et de se situer plus ou moins dans la perspective de la mobilisation lors de la COP21.
Comme tous les ans aura lieu le 25 novembre la Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Dans la ligne de l'orientation que nous avons défendu le 1er février en défense de l'IVG, nous travaillons à la construction d'une large mobilisation unitaire permettant de dépasser les clivages du mouvement féministe. L'enjeu est d'autant plus important dans le contexte de crise actuelle qui amplifie les violences sexistes tant physiques que sociales.
8 - La mobilisation en solidarité avec le peuple palestinien contre la guerre sans fin que lui mène l’État d’Israël, les massacres perpétrés à Gaza a rencontré un large écho en France comme dans de nombreux pays. Mais la répression s'abat en France sur les militants en solidarité avec la Palestine, que ce soit dans le cadre de la campagne BDS ou pour notre camarade Alain Pojolat, qui a signé les dépôts de manifestations qui ont ensuite été interdites. Nous tentons de centraliser ces mobilisations pour une campagne unitaire contre la répression, pour renforcer la solidarité avec la Palestine et dénoncer la collaboration du gouvernement avec Israël, renforcer la campagne BDS. La convocation d'Alain P. le 22 octobre devant le tribunal sera un temps fort de cette mobilisation.
Dans ces cadres, nous testons aussi la réactivité contre l'intervention en Irak. Nous prenons aussi des contacts avec les organisations opposés à cette intervention pour tester les possibilités de réaction.
9- A travers l'ensemble de nos interventions dans les mobilisations nous portons une critique radicale, anticapitaliste et révolutionnaire des politiques d'austérité désastreuses pour les classes populaires etqui entraînent la société dans une régression sociale, démocratique sans fin. Il faut affirmer que la réponse à la crise n'est pas la relance par une politique de la demande à la fois illusoire et catastrophique pour l'environnement et le climat. Notre réponse combine mesures d'urgence immédiates et rupture avec le capitalisme. Elleest sociale,démocratique et écologique : réduction massive du temps de travail, interdiction des licenciements et de la précarité, répartition du travail entre toutes et tous sans diminution de salaire, augmentation des salaires et de la protection sociale, défense et extension des services publics avec création massive d'emplois, annulation de la dette et création d'un monopole public bancaire, expropriation et contrôle des salariéEs et des usagerEs des secteurs clé de l'industrie et de l'énergie, réorganisation de secteurs entiers comme l'agriculture.Imposer ces transformations, leur mise en œuvre exigent le pouvoir de contrôler et de décider de la marche de la société par les travailleurs et la population.
Face à la crise politique et institutionnelle nous avançons des réponses démocratiques de rupture avec les traités et les institutions européennes et avec les institutions de la Vème République (président, sénat) pour une démocratie réelle par en bas, le pouvoir des travailleurs, à tous les échelons de la vie sociale avec la proportionnelle, le contrôle des élus, la dé-professionnalisation de la politique (limitation du salaire des élus, non cumul des mandats... )
Dans touts les mobilisations, celles qui durent, contre les grands projets inutiles comme Notre-Dame-des-Landes ou les reprises d'entreprises par les salariéEs comme Fralib, les questions de quelle organisation de la société ? Que produire ? Comment ? Qui décide ? sont posées concrètement.
La mise en avant de ce plan d'urgence est aussi indispensable pour donner un contenu, une perspective politique aux luttes. Nous ne devons pas esquiver la question de la chute du gouvernement mais notre réponse ne peut être qu'en termes de contenu et de construction du rapport de force pour l'imposer.La crise politique pose pour des millions de travailleurs, la question : « quel gouvernement peut remplacer celui de Valls et Hollande ? ». La réponse n'est pas tel ou tel candidat pour la présidentielle ou telle ou telle combinaison parlementaire mais un gouvernement anticapitaliste,appliquant un programme de rupture sociale, écologique et démocratique, porté par la mobilisation et l'auto-organisation des exploitéEs et des opprimés. Nous voulons porter ce débat sur nos lieux de travail, dans les quartiers, au sein de la jeunesse comme dans nos organisations syndicales ou associations, avec toutes celles et ceux qui comme nous ne renoncent pas à un projet anticapitaliste.
10 - Mener ces discussions, intervenir dans les cadres unitaires, influencer les évolutions en cours impliquent que nous soyons capables de renforcer notre travail et nos apparitions politiques. Les rendez-vous militants ne manquent pas. Là où nous sommes, bien souvent nous jouons un rôle important dans l’animation de collectifs unitaires mais nous avons besoin de veiller à développer notre propre travail politique, nos propres apparitions politiques, meetings et réunions publiques, diffusion de notre matériel, de notre presse, notre propre travail de formation, d’organisation.
Les dernières mobilisations à la SNCF, la Poste, les hôpitaux, les entreprises où il y a des licenciements montrent qu'un espace politique existe pour se construire dans la classe ouvrière. Chaque fédération doit avoir la préoccupation de construire une intervention dans ces secteurs. Elles doivent chercher à se lier avec les militants combatifs impliqués dans ces mobilisations (grévistes de ces secteurs, intermittents, précaires...). La reconstruction de la CILT, des branches et des rencontres public-privé doit y contribuer. Nous devons aussi être attentifs aux mobilisations qui s'affrontent au gouvernement comme celles contre les grands projets nuisibles imposés.
Nous avons besoin de remettre ces tâches au centre de nos préoccupations pour nous donner les moyens de développer, à travers les mobilisations, notre politique, nos perspectives anticapitalistes et révolutionnaires, nous construire.