Même si les manifestations du 9 avril marquaient le pas, la dynamique qui s’est enclenchée le 9 mars est loin d’avoir épuisé ses forces. C’est bien un mouvement profond qui émerge à travers tout le pays. Des jeunes, des retraités, des précaires, des salariés, des lycéens, des étudiants, des chômeurs redécouvrent au coude à coude la confiance et la parole. Une nouvelle génération se lève, non seulement dans les grèves et manifestations lycéennes et étudiantes mais aussi dans les cortèges salariés et syndicaux.
« On vaut mieux que ça »….
La loi El Khomri, concentré de la politique des classes dominantes et de leur Etat qui vise à la destruction des droits, des acquis démocratiques arrachés par des décennies de luttes contre l’exploitation, a servi de révélateur et de catalyseur. Le scandale « Panama papers » vient à point nommé souligner la crapulerie de leur système où les hommes politiques jouissent des faveurs que leur accorde la loi, les mêmes qui s’acharnent à détruire les maigres droits des classes exploitées pour le compte des riches et des puissants.
La mobilisation exprime un mécontentement bien plus large, une révolte bien plus globale comme en témoignent le mouvement et les débats des places, « Nuit debout ». Son développement montre bien que la détermination ne faiblit pas.
Rupture avec le PS et les partis institutionnels
Des milliers de jeunes s’engagent, se politisent, stimulent les plus anciens, redonnent confiance. Il ne s’agit pas seulement d’exiger le retrait de la Loi travail, mais de s’insurger contre les effets de la politique des classes capitalistes soumise à la loi du profit, la folie de l’accumulation du capital, l’appropriation privée sans limite des richesses produites. Le rejet de la loi travail, de la logique du profit, c’est aussi le rejet du PS devenu le symbole de l’hypocrisie, des mensonges et des faux-semblants, du double langage des politiciens professionnels au service du capital.
Faire de la politique, notre politique
L'occupation des places manifeste le besoin de donner à la contestation sociale une dimension politique. Le rejet des partis qui servent les classes dominantes appelle une autre politique qui réponde aux revendications, aux besoins du mouvement, à la convergence des luttes. C’est bien un mouvement d’ensemble, une grève générale, qui est à l’ordre du jour.
Pour renforcer le mouvement, l'étendre, il faut aller plus loin dans la contestation de l’ordre capitaliste, donner un contenu à l'aspiration à une démocratie directe qui dépasse les clivages des appareils. Partout, il nous faut faire vivre la démocratie à la base, au sein du monde du travail. A travers les assemblées générales, les comités de mobilisation, les interpros, dans nos syndicats prenons l'organisation de notre mouvement, nos affaires en main.
Hollande, Valls et Gattaz espèrent que les vacances scolaires vont désorganiser le mouvement. Ils se trompent. Les étudiants ont prévu différents rendez-vous, les intermittents du spectacle se mobilisent, les cheminots aussi. La prochaine étape d'ensemble du 28 avril peut être un élargissement de la lutte, dans la grève et dans la rue.