Hier soir, le président Bouteflika a renoncé à sa candidature, annulé la présidentielle d’avril 2019, promis une Conférence nationale et changé le gouvernement. C’est le résultat du formidable mouvement populaire et de la grève générale commencée dimanche.
La présidence a nommé le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui au poste de Premier ministre, en remplacement d’Ahmed Ouyahia, l’un des hommes politiques les plus haïs de l’ère Bouteflika. Ramatane Lamamra, un personnage qui pourrait contenter un certain milieu d’affaires, dit « démocrate », a été désigné vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères
Ces derniers jours, le mouvement est monté d’un cran avec le début d’une grève générale, touchant le secteur productif (hydrocarbures) et certains services publics. Un vent de contestation souffle, dénonçant la corruption, le despotisme, la dilapidation des richesses publiques et l’oligarchie prédatrice. Et bien que le refus du 5e mandat soit au centre de la contestation, les revendications évoluent : fin du système, justice sociale, dénonciation de l’oligarchie et juste répartition des richesses nationales.
Bouteflika a annoncé son retrait… mais il reste président ! La présidentielle est reportée, et la promesse d’une deuxième république et d’une nouvelle constitution peuvent servir de replâtrage du pouvoir, sans véritable progrès démocratique. Le danger d’une accélération des réformes libérales voulues par des secteurs de la bourgeoisie et de l’armée, poussés par les puissances impérialistes, est réel. Le salut que vient d’adresser Macron à Bouteflika est révélateur : les grandes puissances, France en tête, portent une lourde responsabilité dans la situation économique et sociale de l’Algérie contemporaine.
Pour les masses en action, les travailleurs, les femmes, les jeunes, il s’agit de continuer le mouvement afin d’obtenir le départ immédiat de Bouteflika, d’imposer une véritable assemblée constituante sur la base de déléguéEs élus dans le cadre de la mobilisation, de son auto-organisation, de la grève de masse en cours. Pour tous ces combats, le NPA salue la force du peuple algérien. Solidarité !
Montreuil le mardi 12 mars